Des témoignages aux similitudes frappantes. Cinq femmes accusent Jacques Salomé, "psychosociologue" et auteur d'une cinquantaine de livres à succès - sur le développement personnel ou la communication dans les relations humaines - de viols et d'agressions sexuelles.

Les faits qu'elles dénoncent s'étaleraient sur une période de presque trente ans. Plusieurs de ces accusatrices témoignent dans une dense enquête de la journaliste Catherine Fournier, révélée sur FranceInfo mercredi 5 février 2025.

Des faits souvent prescrits

Pour l'une d'elle, les faits dont elle l'accuse ne sont pas prescrits. Sa plainte a été classée sans suite en juillet 2021 pour "infraction insuffisamment caractérisée". Elle réfléchit aujourd'hui à un recours.

FranceInfo indique aussi que deux autres femmes (Christine et Elisabeth) ont porté plainte contre l'auteur du best-seller Le courage d'être soi. Malgré la prescription des faits présumés, la justice a repris les investigations en avril et juillet 2024, dans la visée de comprendre si d'autres potentielles autres victimes pourraient exister.

Toujours selon les informations de FranceInfo, une action en justice est toujours en cours.

Auprès de la radio publique d'information, et par la voix de son épouse, car son état de santé ne lui permettent "pas de le faire directement", l'ancien chroniqueur de Psychologies magazine aujourd'hui âgé de 89 ans a "réfuté toutes les accusations portées contre lui".

Ça tourne !

Un schéma similaire, un "processus d'emprise à caractère sectaire"

Les témoignages de Christine, Thérèse, Elisabeth, et Claire (prénom d'emprunt) recueillis par FranceInfo apparaissent quasi-identiques en plusieurs points : toutes trois expliquent avoir débuté un stage de développement personnel avec Jacques Salomé pour apaiser un mal-être profond - pour Christine et Thérèse, lié à un traumatisme à propos de l'inceste.

Puis une autre session, et une suivante, parfois suivie en échange de tâche à réaliser à la demande de cet homme admiré, jusqu'à créé une relation de dépendance, faire penser à la femme qu'elle est privilégiée, sa favorite, et alors, commettre des violences sexuelles, d'abord au cours d'un stage. Dans ce contexte, ces femmes expliquent avoir cru qu'il s'agissait d'un geste "thérapeutique". 

Christine, par exemple, 60 ans aujourd'hui, la vingtaine au moment des faits présumés, dénonce une pénétration digitale à la fin du troisième stage. "Tu vois que tu es vivante", lui aurait dit juste après Jacques Salomé, selon son témoignage. Elle affirme avoir été victime d'un second viol quelques semaines plus tard. 

Thérèse avait elle un peu moins de 40 ans en 1990, au moment des faits qu'elle décrit. À la fin de sa cinquième formation sur "l'entretien dans la relation d'aide" avec Jacques Salomé, ce dernier lui aurait fait "signe" de rester lors d'une "pause". "Il était assis par terre. Le temps de traverser la salle, il a sorti son sexe et m'a demandé de le prendre dans ma main, c'était une injonction", raconte-t-elle à France Info.

Le Centre national d'accompagnement familial face à l'emprise sectaire (Caffes) accompagne la plainte de Christine et affirme que Jacques Salomé "a progressivement instauré chez elle une dépendance affective et financière". Le Caffes explique aussi au média d'information que l'on retrouve dans ces récits toutes les étapes du "processus d'emprise à caractère sectaire".

La position du "sauveur"

Elisabeth, 66 ans, emploie elle le mot "sauveur" pour qualifier la position qu'adopte l'homme, avouant avoir été "accro" à ses stages, et avoir plongé dans "cette fausse croyance" durant trois ans. Le médecin diagnostiquera un "état de stress post-traumatique" en 2021 durant son séjour de trois mois en psychiatrie, précise FranceInfo. 

"Laisse pousser tes seins", lui aurait-il ordonné au cours d'une formation, alors qu'il "tire un fil invisible pour l'attirer vers lui"et "dégrafe discrètement [son] soutien-gorge et [lui] touche la poitrine", comme elle décrit à la journaliste Catherine Fournier. "Laisse ton corps s'ouvrir", aurait-il dit une autre fois, alors qu'il "introduit son doigt par surprise dans [son] vagin".

Claire, aujourd'hui en incapacité de travailler, cite d'autres injonctions qu'elle affirme avoir subi : "Tu vas dire 'oui' à tout ce qui va se passer", "exprime ton désir sinon tu peux avoir un cancer", "il faut faire l'amour avec une autre femme", d'après son récit à FranceInfo. Elle dénonce "une pénétration digitale sans consentement" avant d'être mordue "sous le sein". Elle explique être repartie avec des livres et un CD intitulé Voyage aux pays de l'amour.

Le "psychosociologue", présumé innocent, n'est plus en activité.