Ce samedi matin, à la tour artificielle d’escalade de glace de Freissinières, dans les Hautes-Alpes. Aurélie, 25 ans, participe à une initiation à l’escalade de glace. "Je pratique de façon ponctuelle mais j’ai comme ambition d’en faire encore plus. Ce type d’ateliers va me permettre d’acquérir de la technique."

La jeune femme, qui s’initie aux sports de montagne depuis deux ans au Club Alpin Français de Chambéry, participe à l’Ice Climbing Ecrins, le plus ancien rassemblement d'escalade sur glace au monde, qui réunit 500 participants en cette fin janvier 2024. "Il y a neuf ans, 15% des participants étaient des femmes remarque Cathy Jolibert, organisatrice depuis 2015. En 2023, on a atteint la parité."

30 femmes sur 1800 guides de haut-montagne

À l’image d’Aurélie, les femmes représentent aujourd’hui 40% des licenciés des 430 clubs et 53 comités territoriaux en France, mais la pratique de l’alpinisme s’est féminisée avec une grande lenteur. Si des femmes comme Henriette d’Angeville ou Lucy Walker ont cassé les codes dès les prémices, il restait longtemps mieux vu qu’une femme pratique avec son mari ou d’autres hommes. Certes, il y eut les premières cordées mixtes, dans les années 30, et les exploits de Claude Kogan, de Junko Tabei, ou de Catherine Destivelle, mais il faut attendre 1983 pour que Martine Rolland devienne la première guide de haute-montagne en Europe.

La société nous impose encore trop de barrières mentales et je voulais que d’autres alpinistes s’autorisent et réaliser leurs rêves.

Quarante-et-un ans plus tard, elles ne sont que 30 sur les 1800 guides. C’est pour rééquilibrer la réalité que Marion Poitevin, a crée en 2018 l'association Lead The Climb. Guide de haute-montagne, la première femme CRS de montagne a imaginé ces formations 100% féminines en alpinisme, ski de randonnée, cascade de glace, ou escalade. L’enjeu était d’encourager les femmes à embrasser l’encore très masculin rôle de "première de cordée". La société nous impose encore trop de barrières mentales et je voulais que d’autres alpinistes s’autorisent et réaliser leurs rêves."

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Visibiliser l'outdoor au féminin

Delphine Danielou pour Femmes en montagne

La visibilité féminine compte aussi à l’écran. Ainsi, le festival Femmes en montagne soutient les films réalisés par des femmes ou avec une équipe à 50% féminine, et encourage la mixité dans les sports et les disciplines alpines.

"Dans les films de montagne, il n’y avait que des hommes, rappelle Tanya Naville, à l’initiative du festival avec Léo Wattebled en 2019. On a donc voulu rassembler ces histoires et encourager d’autres filles à s’emparer de la caméra".

Après quatre éditions, le festival se professionnalise, et ambitionne de valoriser des productions inclusives en matière de handicap, d’appartenance ethnique, ou de milieu social. "La parole des femmes est plus reconnue qu’il y a dix ans", se réjouit Juliette Willmann, dont le film Rise a été programmé en novembre 2023. Son court-métrage relate sa transition entre le circuit du freeride, qu’elle a quitté en 2021, et la haute-montagne.

"J’ai aussi voulu montrer de l’émotion, qui est encore taboue dans le sport extrême. L’autre enjeu, c’est que comme j’ai arrêté la compétition, je dois rester visible pour les marques qui me soutiennent et pour continuer à vivre de ma passion."

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Des équipements outdoor pensés pour les femmes, par des femmes

Soren_Rickards

Longtemps accusées de ne pas assez valoriser les femmes, ces mêmes marques opèrent elles-mêmes une mutation. "Nous avons lancé des gants féminins, expose Jonathan Hilborn, responsable marketing de Black Diamond, fabricant américain de matériel outdoor. Ils sont plus fins, pour une meilleure dextérité. On essaye aussi d’ajouter des femmes à notre équipe d’athlètes et d'embaucher des femmes."

Une féminisation de l’effectif aussi opérée par les Autrichiens de Blizzard Tecnica qui propose, par son programme Women To Women, des produits conçus par des femmes et pour des femmes.

Au sein de l’Ice Climbing Ecrins, son énergique organisatrice Cathy Jolibert est témoin et actrice de la visibilité accrue des femmes dans les sports alpins. "Ca a été compliqué de se faire accepter dans ce milieu masculin. Je suis féministe, c’était donc important de mettre des femmes sur les affiches de l’évènement."

Sur l'image, Juliette Willman, réalisatrice de "Rise", sélectionné lors du festival Femmes en Montagne 2023. 

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Une entraide et une solidarité féminine très forte

DR

Des femmes guides encadrent les ateliers, à l’image d’Aurélia Lanoé. "On a crée un groupe WhatsApp pour les femmes guides. Entre nous, il y a une solidarité de dingue. Ces nouveaux groupes féminins sollicitent des femmes guides parce qu’elles craignent le cliché du guide bourru."

Aurélia Lanoé, qui a commencé l’alpinisme à 17 ans, a failli ne jamais devenir guide. "Ça me paraissait impossible. Et puis, à 30 ans, j’ai passé les tests, pour ne pas le regretter toute ma vie. Je pense que nous, femmes, on se met beaucoup plus la pression réaliser des défis d’envergure."

Parmi ces prochains défis justement, il y a cette ascension qu’elle souhaite accomplir avec Tiphaine Dupérier, guide et pisteuse secouriste à Val d’Isère "prochainement, quand il fera beau". Où ça ? "Pour le moment, je vais garder le secret…".

Sur l'image : à gauche, Aurélia Lanoe et à droite, Cathy Jolibert lors de l’Ice Climbing Ecrins 2024

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