Depuis quelques années, le silence qui entoure les sujets liés à la santé mentale commence à se dissiper. De nombreuses célébrités ont pris la parole à ce sujet, à l’instar de Selena Gomez, Simone Biles ou encore Lady Gaga. Pourtant, en France, le sujet reste tabou, notamment en ce qui concerne le sport masculin.

Pour y remédier, Camille Lacourt, ancien champion du monde de natation, et Yannick Noah, ancien joueur de tennis, se sont exprimés dans le documentaire Santé mentale, briser le tabou, réalisé par Juliette Paquin, diffusé ce mardi 6 mai 2025 sur M6. D'autres personnalités y ont, elles aussi, participé, telles que la chanteuse Pomme, le nageur Florent Manaudou ou encore la comédienne Michèle Barnier. 

Une dépression entrainée par la compétition

Face à la caméra, Camille Lacourt retrace son parcours sportif : "En 2011, je suis champion du monde, en 2010, je suis champion d’Europe, et les deux années précédentes, j’ai le meilleur temps mondial de l’année. En 2012 [aux Jeux olympiques de Londres, ndlr], je finis 4e." Un échec tant sportif que personnel pour ce grand compétiteur. À partir de ce moment-là, "tout s’écroule" autour du nageur.

"Pourquoi s’entraîner sept heures par jour ? Pourquoi avoir une vie tournée vers le haut niveau, une philosophie de vie tournée vers le haut niveau, pour vivre un tel échec ? À quoi ça rime d’avoir fait tout ça ?", se questionne-t-il. Cet échec, aux Jeux de Londres, marquera le début de sa dépression. Il en fera deux au total.

Ça tourne !

Une descente dans l’alcoolisme

Durant cette période sombre, Camille Lacourt révèle être tombé dans l’alcoolisme, seul moyen pour lui d’échapper à la dépression lorsque sa fille n’est pas là : "Une semaine sur deux, c’est comme si j’avais ma béquille, ma raison de vivre, qui était ma fille. Et une fois qu’elle n’était plus là, je me cassais un peu la figure. J’avais remplacé cette béquille imaginaire par l’alcool." Il qualifie lui-même d'"anormale" sa consommation d’alcool à cette période de sa vie.

Pour guérir, le nageur n’est "pas passé par la case médicament", ni par "la case thérapie". Il n’a même jamais consulté de psychologue à proprement parler, révèle-t-il dans le documentaire, mais est suivi par un "psy sportif depuis l’âge de 16 ans et par un préparateur mental".

"J’étais un vase vide. Un beau vase façonné par le sport. Mais un vase vide. Je n’ai pas parlé à ma famille, je faisais semblant. J’ai décidé de parler pour me délester de cette charge mentale liée au 'faire semblant'", explique-t-il avant de préciser avoir aujourd’hui trouvé "un équilibre" fragile sur lequel il travaille "chaque jour".

Il conclut en déclarant : "Cette idée que la dépression, ça n’arrive qu’aux faibles, il faut arrêter. Au contraire, je crois que ça n’arrive qu’aux gens forts."

Yannick Noah, également touché par la dépression

Camille Lacourt n’est pas le seul sportif que la compétition a plongé dans la dépression. Le tennisman et chanteur Yannick Noah est également passé par là en 1983, juste après sa victoire à Roland-Garros. "Le lendemain, j’étais perdu… Je ne savais pas ce qu’il se passait, les gens pensaient que je vivais ma meilleure vie. Mais j’avais envie de m’envoyer en l’air, de partir, parce qu’une fois là-haut, personne ne m’a donné le mode d’emploi", confie-t-il face à la caméra.

Sa détresse mentale est telle qu’il songe à se suicider : "Je marchais seul dans la rue, la nuit, à Paris ; j’attendais qu’il n’y ait plus personne, et je regardais la Seine en me disant : 'Je me jette, je n’en peux plus.'"

L’homme ne s’est jamais fait diagnostiquer et n'a jamais été suivi. Il s’est toujours "débrouillé" seul. Aujourd’hui, il reconnaît en être "sorti plus fort", mais regrette que "ce sujet-là [la santé mentale, ndlr], on n’en parle pas… On en parle quand c’est très tard, parfois trop tard".