Elle est de retour, jetlaguée, mais le sourire aux lèvres.

À l’approche de Paris 2024, la fleurettiste de 30 ans ter- mine sa préparation avec une troisième place lors du Grand Prix de Shanghai (17-19 mai 2024). Cinq ans après sa dernière médaille d’argent mondiale en individuel, Pauline Ranvier offre à l’escrime française une chance de médaille olympique à Paris.

Mais sa plus grande victoire, ces dernières semaines, reste d’avoir retrouvé l’envie de repartir au combat.

Bonjour Pauline, comment allez-vous ?

Je reviens avec une médaille, donc forcément, très contente de ces trois semaines et de ce podium. C’est la continuité d’un travail que j’accomplirai jusqu’aux Jeux.

Que s'est-il passé depuis votre médaille d’argent à Tokyo, il y a trois ans, avec les Bleues ?

Il y a un moment, j'ai eu un coup de mou après la médaille. Je crois que je n’ai pas pris la mesure de l’événement. La preuve, j’ai contre-performé jusqu’en janvier 2022. Je n’aimais plus mon sport.

Et le verdict ?

Quand j’étais petite, j’étais fan de Zorro, celui avec Antonio Banderas. Un jour, j’ai eu l’opportunité d’essayer, et ça m’a assez vite plu, donc je me suis inscrite. Petit à petit, j’ai gravi les échelons. Mais c’est le manque de l’escrime qui m’a donné envie de revenir.

Avez-vous fait un travail psychologique depuis cette remise en question ?

Depuis deux ans, je suis aussi suivie par une préparatrice mentale. Cela m’aide à ne pas tout remettre en cause après chaque compétition. À voir le chemin parcouru plutôt que le résultat final. Surtout qu’en escrime, la victoire se joue en quelques secondes.

Selon vous, prend-on aujourd’hui au sérieux la santé mentale dans le sport de haut niveau ?

En 2017, la préparation mentale n’était pas encore reconnue dans le sport. Mais une psychologue était présente à l’INSEP, donc j’ai essayé. Au fur et à mesure, j’ai senti une amélioration. Des athlètes et des préparateurs mentaux ont pris la parole, et cela permet aux athlètes de se sentir compris, de se retirer de la pression. Les gens oublient qu’on reste des êtres humains.

Cet été, vous avez un gros événement qui se déroule près de chez vous... Est-ce que vous ressentez de la pression ?

Comme j’habite à Paris, je ressens surtout les Parisiens qui râlent, c’est sûr (rires). Non, plus sérieusement, je me focalise sur mes objectifs, sur mes entraînements, et sur les Jeux à domicile. C’est la chance d’une vie, et je vais prendre le temps de savourer chaque instant.

Interview publiée initialement dans l'édition spéciale Game Change Her x Marieclaire, distribuée en juillet 2024