Tout a commencé par un coup du sort. En 2021, alors qu’elle était en course pour les Jeux olympiques de Tokyo, Maud Le Car se blesse et doit mettre entre parenthèses sa carrière de surfeuse professionnelle pour quelque temps. Qu'à cela ne tienne, l’athlète originaire de Saint-Martin profite alors de ses longs mois de convalescence pour créer son association "Save la Mermaid", qui oeuvre pour la protection des océans.
Un geste "positif" qui perdure deux ans plus tard. Alors que la surfeuse a retrouvé le haut niveau, elle doit désormais jongler entre ses entraînements, les compétitions et la vie de son association. Actuellement à la lutte pour tenter d’atteindre les Challenger Series (deuxième division mondiale, ndlr), la surfeuse installée à Seignosse (40) nous raconte son parcours et les sacrifices qu'elle doit faire dans son quotidien de sportive pro.
Marie Claire : Cela fait quinze années que vous surfez à haut niveau. Pourquoi avoir attendu 2021 pour lancer votre association en faveur de la protection des océans ?
Maud Le Car : "J’ai toujours eu l’envie de créer "Save la Mermaid", mais je ne trouvais pas le temps entre les compétitions et les entraînements. Une association, c’est quand même pas mal de paperasse et d’organisation.
En 2021, j’ai dû m'arrêter pendant quatre mois après une fracture de la cheville et du tibia : cela m'a enfin permis de prendre le temps de me lancer.
Hormis cette "pause forcée" qui vous a permis de vous lancer, cette blessure a-t-elle joué un rôle dans votre engagement pour l'environnement ?
Je pense tout d'abord que ma blessure m’a donné encore plus envie de surfer et m’a fait comprendre à quel point ça me manquait de ne pas être dans l’eau !
En plus de ça, j’ai eu plus le temps pour aller marcher sur la plage, et du coup, plus de temps aussi pour ramasser les déchets. Ajoutons à cela la quantité de plastique dans l'eau qui ne cesse d'augmenter, comme on l'observe en compétition... Tout ça mis bout à bout, j'ai voulu agir pour préserver l'océan, qui m'apporte tant chaque jour.
Quels sacrifices sportifs devez-vous faire pour assurer la gestion de votre association ?
Ma priorité reste le surf ! Je travaille avec des personnes de confiance, donc je peux déléguer sans problème quand je suis en compétition. Et quand c'est plus calme, qu'il n'y a pas de vague, ou que je n'ai pas d’entraînement ou de compétition, je reprend les rênes pour organiser les ramassages de déchets et d'autres actions moi-même.
Concrètement, comment faites-vous pour mener de front une carrière sportive, tout en ayant un vrai rôle dans l'association ?
Toute est une question de choix. L’aspect sportif, je ne veux pas qu’il passe à la trappe, donc j’ai changé mes priorités. Je vois beaucoup moins mes amis, et mon copain m’aide énormément.
Depuis que j’ai créé l’association, je crois que je n’ai pas cuisiné un repas, et je fais très rarement les courses (rires). C’est parfois un peu compliqué pour mon entourage, entre le surf et l'association. Mais j'essaye quand même de ne pas oublier ma vie privée pour autant.
Envisagez-vous de mettre votre engagement associatif en pause, pour vous remettre à fond dans le surf de haut-niveau ?
Pas vraiment. C'est vrai que je suis à fond en ce moment, mais ça reste très compliqué de mettre en stand by un projet qu'on a lancé. Et puis, les demandes d'adhésions explosent, la sensibilisation commence à porter ses fruits : ce serait dommage d'arrêter maintenant.
J’essaye de faire au mieux pour mener de paire ma carrière sportive et ce projet associatif. Et comme je le disais à l'instant, je suis prête à déléguer quand il le faut pour pouvoir continuer à surfer. En ce moment, je cherche à m’entourer de personnes qui sont prêtes à m’épauler sur le long terme.
Vous venez de diffuser Everywhere I Go, un film de sensibilisation qui mêle surf, art et écologie. C'est quoi la suite pour vous ?
Pour ce film de 20 minutes - le plus long que j’ai fait jusqu'à présent - on avait envie que ce soit artistique, poétique, et que chacun puisse en tirer un message sur la préservation des océans.
C'est un exercice que j'aimerai refaire plus tard, avec peut-être un message plus profond, plus fort. Mais chaque chose en son temps...