Hermès, c’est avant tout une histoire de famille. Initiée en 1837 par Thierry Hermès, alors sellier et harnacheur, la marque dispose d’une petit boutique d’équipements pour chevaux dans le Paris du XIXe siècle, non loin de la Madeleine. Récompensé par la médaille première classe lors de l'exposition universelle de 1867, l’homme jouit trente ans plus tard d’une notoriété prestigieuse comptant parmi ses clients rois et présidents du monde entier, dont le tsar Nicolas II.
De la sellerie à l’iconique maroquinerie
En 1880, sous l’impulsion de son fils Emile-Charles, la maison Hermès déménage au désormais mythique 24, rue du Faubourg Saint Honoré avant de se réinventer, dès 1918, autour des bagages et des articles de maroquinerie face à l’essor de l’automobile, introduisant pour la première fois la fermeture éclair sur dans la fabrication de sacs en France. Ceintures, gants, bijoux et bientôt la couture féminine et masculine dès 1929 : les descendants et petits-fils de Thierry Hermès, Adolphe et Emile Maurice, innovent dans tous les domaines tout en cultivant le savoir-faire artisanale de la maison, mêlant confection à la main exigeante, matières nobles et design audacieux inspirés du monde équestre.
Ils créent même, sans le savoir, les premiers best-sellers de la mode contemporaine avec en 1937, le carré de soie Hermès puis le sac Kelly. Baptisé en hommage à Grace Kelly qui l’utilisa pour dissimuler sa grossesse non officielle auprès des paparazzi, le sac Haut à Courroies s’inspire, comme de nombreuses pièces Hermès, des sacs à selles des cavaliers. Outre la princesse de Monaco, la maison Hermès compte parmi ses fidèles clientes la First Lady Jackie Kennedy, le duc et la duchesse de Windsor, Humphrey Bogart, Ingird Bergman ou encore Romy Schneider et Catherine Deneuve.
Dans les années 1950, c’est au tour de Robert Dumas et Jean-René Guerrand, gendres d’Émile Hermès, de prendre les rênes de la maison de luxe familiale. Ils poursuivent la diversification impulsée par leurs prédécesseurs en lançant le premier parfum, L’Eau d’Hermès en 1951, avant de marquer leur empreinte avec le choix de la couleur orange, d’inflexion orientale, comme emblème de la marque. Autre fait d’arme : dès 1966, les deux hommes troquent la haute-couture pour le prêt-à-porter s’inscrivant avec audace dans cette révolution stylistique qui bouscule, à l’époque, notre manière de nous habiller. Un tournant fondamental qui sera accompagné, 12 ans plus tard, de la mise en place d’un réseau mondial de distribution Hermès.
Le style Hermès
Ce n’est que dans les années 1990 que la maison, synonyme d’excellence et de luxe intemporel, s’extirpe de son ADN bourgeois pour se saisir d’une empreinte stylistique singulière, en nommant l’avant-gardiste Martin Margiela au poste de directeur artistique des collections femme. Trenchs superposés, baskets en cuir, vareuses oversize et même saillants trikinis : le designer belge distille pendant 7 ans sa mode conceptuelle dans les gênes de la maison centenaire.
Il sera remplacé par le truculent Jean Paul Gaultier, de 2004 à 2010, qui présentera des collections foisonnantes hautes en couleurs, imprégnées de nomadisme, avant d’être suivies des silhouettes épurées et minimales de Christophe Lemaire de 2011 à 2014. Depuis, c’est Nadège Vanhee-Cybulski qui a pris la relève, cette ancienne de chez Céline et Maison Martin Margiela esquissant ici une mode cérébrale non dénuée d’une certaine féminité au cool émancipé.
Côté hommes, c’est Véronique Nichanian qui orchestre les lignes masculines depuis 1990 avec une longévité remarquable. Misant moins sur les tendances que sur une forme de constance, Hermès continue également de surfer sur l’inépuisable succès de quelques pièces cultes.
Outre le mythique carré de soie aux innombrables motifs inventé en 1937, les sacs Kelly et Birkin ne cessent de susciter le désir, tout comme la montre Cape Code. Récemment revu et corrigé par Apple, elle est aujourd’hui un pur bijou d’élégance ET de technologie. Le style Hermès, c’est aussi une certaine conception du mobilier et de la décoration avec dès 2011 le lancement de La Maison convoquant arts de la table, meubles d’auteur et linge d’intérieur autour de pièces uniques.
Une expansion sans limite
De la maroquinerie à la soie en passant par la mode, l’horlogerie et la décoration d’intérieur, Hermès est devenue en près de deux siècles en référence ultime d’un art de vivre raffiné, cultivant l’intemporalité au service d’un artisanat de haute qualité. Revendiquant une fabrication française, la maison de luxe fait perdurer des savoir-faire ancestraux, avec notamment près de 2000 maroquinier-selliers qui fabriquent à travers toute la France les pièces des sacs Hermès, comme le montre notamment le film Les Mains d’Hermès, en 2011.
Avec la ligne Petit h, la marque entend également redonner vie à d’anciennes pièces ou matières textile, notamment grâce au travail de certains artistes minutieusement sélectionnés. Une célébration perpétuelle de son savoir-faire en somme, que l’on a pu retrouver lors de l’exposition évènement “Hermès hors les murs” en 2018 et de la rétrospective itinérante “Martin Margiela : les années Hermès”.
La suite ? Hermès vient d’annoncer, en janvier 2020, vouloir s’aventurer dans un territoire qu’elle n’a pour le moment pas exploré - le maquillage - et lancera dès cette année une première collection de rouge à lèvres. Baptisée Rouge Hermès, elle fait référence à la fragrance éponyme lancée au début des années 2000.