Nature. Culture. Aventure. Voici le slogan fort à propos du FIFAV La Rochelle (comprendre Festival International du Film et du Livre d’Aventure de La Rochelle). Un slogan auquel on pourrait sans problème ajouter : Impact.
Depuis 2003, ce rendez-vous rassemble les amoureux de la nature et du grand air autour de films, de conférences ou d’ateliers inspirants. Et cette édition 2024 n’est pas en reste : au programme, 50 films projetés (dont 24 en compétition), des expositions, des ateliers ou des rencontres littéraires. Et à chaque fois, des récits inspirants et des mises en lumière d’engagements pour la nature, la Terre et ses habitants.
Et pour faire émerger un peu plus la voix des femmes dans ces milieux généralement très masculins que sont les sports extrêmes, la montagne ou la mer, le prix de l’aventurière La Boulangère Bio a été lancé en 2017.
Toutes aventurières
Ce trophée - parmi les 10 remis en fin de festival - récompense le courage et la puissance d’une femme aventurière. Un prix important quand on observe la proportion de femmes présentes dans les documentaires d’aventure, et leur temps de parole quand elles sont à l’affiche.
Cette année 2024, j’ai eu la chance de faire partie du jury en compagnie de la navigatrice de course au large Amélie Grassi et de la rédactrice en chef de Madame Figaro. Après des débats alignés, mais enflammés, c’est à Carla Petit, jeune femme malvoyante qui s’est lancée dans une découverte du Kirghizstan à cheval avec son père, que nous avons remis le prix.
“C’est vrai que l’on a tendance à penser l’aventure dans son sens premier, c’est-à-dire dans la dimension la plus extrême de ce que l’humain est capable de faire. Pour cette raison, nous avons été époustouflées par les performances de plusieurs femmes présentes dans les documentaires en sélection. Certains ont crevé l’écran en poussant loin leurs limites”, expliquait Amélie Grassi après le vote. Et de poursuivre : “Mais nous avons aussi aimé nous questionner sur l’aventure au sens plus large et partir du principe que tout le monde pouvait accéder à l’aventure, au dépassement de soi, éveiller ses sens et s’initier à certains voyages. Pour cela, Carla Petit nous a inspirées. Elle peut d’ailleurs inspirer tout à chacun”.
Des femmes exceptionnelles qui repoussent les limites du male gaze
Outre l’aventure poétique et puissante de Carla Petit, nous avons eu la chance de découvrir six autres aventures de femmes exceptionnelles. Parmi elles, Myriam Cabon qui a grimpé le Kilimandjaro avec son compagnon Pierre, blessé au Bataclan dans En roues libres, Natalia Koniarz qui a traversé à vélo en pleine pandémie la frontière entre la Bolivie et le Chili dans Postcards from the verge, Aytulgun Dalai Khan, jeune Kazakh qui a défié les lois patriarcales pour embrasser la vie d’une chasseuse à l’aigle, dans Mongolie, la voie de l’aigle. Et puis des aventurières reconnues : Sophie Lavaud, première Française à avoir gravi les 14 plus hauts sommets du monde (Le dernier sommet), Lea Klaue, snowboardeuse qui part en expédition au Kirghizstan dans Chronoception et l’incroyable Nouria Newman, kayakiste de l’extrême qui descend l’Indus au Pakistan avec deux amis dans Big Water Theory.
Au-delà de leurs exploits, toutes ces femmes - aussi différentes soient-elles dans leur expression de l’aventure - œuvrent à repousser les barrières du male gaze, ce regard d’hommes qui musellent les femmes dans des rôles très secondaires ou très clichés. Là encore, le FIFAV La Rochelle a un impact.