C'est pour lutter contre la sous-médiatisation des sportives professionnelles, autant que des compétitions féminines, que le CSA et le Comité National Olympique et Sportif Français ont créé, en 2014, une journée dédiée au sport féminin.

Dix ans plus tard, la France recevait les Jeux olympiques et paralympiques au sein de la capitale. 

Cette compétition, suivie par des milliards de (télé)spectateur.ices, était la première paritaire de l'histoire. Elle a ainsi permis de rendre visibles des championnes, trop souvent laissées dans l'ombre. Clarisse Agbegnenou, Imane Khelif, Aurélie Aubert ou encore Pauline Ferrand-Prévot, Sara Balzer et bien d'autres ont marqué ces olympiades. 

Maisles JO 2024 ont-ils boosté la popularité du sport féminin ?

C'est pour répondre à cette question que Sporsora en collaboration avec OpinionWay et la FDJ, a dévoilé le 21 janvier 2025, les résultats de son baromètre du sport féminin et des retombées de Paris 2024. Marie Claire a discuté, à cette occasion, avec deux médaillées olympiques. 

Davantage de sport féminin depuis les Jeux de Paris

Une légère progression. C'est le constat que pose le sondage de Sporsora, concernant la consommation de sport féminin par le grand public, depuis la fin des Jeux de Paris 2024.

Alors que trois Français.es sur quatre déclarent s’intéresser ou consommer du contenu sportif aujourd'hui, cette proportion est en augmentation de 10 points depuis la compétition. Mais qu'en est-il des championnats féminins ?

Sept Français.es sur dix avouent en regarder aujourd'hui : une proportion en hausse de 7 points, par rapport au premier sondage, mené en mars 2024. Plus précisément, 31% des Français.es s'intéressent désormais autant aux contenus féminins que masculins. 

Euro de football, Tour de France, championnat du monde de handball, coupe du monde de rugby : 52% des Français.es interrogé.es affirment vouloir suivre un événement sportif féminin en 2025, dont 65% d'hommes et 66% de jeunes de 18 à 24 ans... mais dont seulement 40% de femmes. 

“Le sport féminin intéresse plus. Il y a plus de personnes qui ont envie de le suivre dans l'année à venir. Maintenant, ce n'est qu'un petit pas en avant. Pour une si grande fête (que sont les Jeux olympiques et paralympiques, ndlr), ça me parait un peu déséquilibré”, réagit la paracycliste et championne olympique Marie Patouillet

“S’il y a une progression dans la médiatisation du sport féminin depuis quelques années, nous ne pouvons pas nous en contenter", concède Laurie Delhostal, réalisatrice, journaliste et co-présidente de l’Union des journalistes de sport lors de la conférence de presse.

Car les sportives en activité peinent encore à se faire (re)connaitre. 

Héritage des JO : des championnes plus ou moins connues 

Les JO de Paris ont aidé à visibiliser certaines championnes. Plus de 9 personnes sur 10 soulignent que ces dernières sont aujourd'hui populaires et inspirantes grâce à leurs performances. Un chiffre qui grimpe largement depuis le premier sondage, publié plusieurs mois avant la compétition. 

Quid des "rôles modèles" dans le sport féminin depuis ? 88% des Français.es pensent que les visages de la pratique ont une véritable influence sur les jeunes filles qui souhaitent s'engager dans une activité physique. Et 83% des interviewé.es pensent même qu'elles œuvrent pour une société plus paritaire. 

Néanmoins, parmi les sportives citées, “seules les icônes du sport ont des taux de notoriété relativement élevés”, relate le sondage. En première place, Laure Manaudou puis Marie-José Perec et Amélie Mauresmo. Des symboles du sport qui ont, toutes les trois, arrêté leur carrière il y a 10 ans ou plus. 

“Il y a plein d'athlètes en activité aujourd'hui qui sont là, qui sont très inspirantes, qui ont des choses à dire et qui ont des carrières incroyables. Et on ne les voit pas [...] j'ai toujours l'impression que quand on est une femme, il faut faire plus”, dénonce la judokate médaillée d'or Romane Dicko, lors de la conférence de presse. 

Point positif : depuis le sondage de mars 2024, certaines athlètes, médiatisées pendant les Jeux de Paris, sortent du lot : Clarisse Agbegnenou, connue par 43% des Français.es, jouit d'une hausse de 9 points de célébrité et Pauline Ferrand-Prévot, connue par 25% des Français.es, d'une hausse de 7 points.

Des efforts restent à faire pour l'avenir du sport féminin

Mais de nombreuses améliorations sont encore à espérer. Une enquête d'AÉSIO mutuelle réalisée par OpinionWay, publiée le 24 janvier 2025 et consultée par Marie Claire, a révélé que plus d'une femme sur trois pensent que les role models dans le sport féminin doivent être plus visibles. Pour cela, mettre plus en avant la pratique dans les médias semble essentiel. 

“Il y a une forte responsabilité des médias à faire progresser la notoriété des sportives, notamment de nos athlètes en activité. Mais il y a aussi une véritable opportunité d’aller conquérir une audience féminine en repensant le récit autour du sport”, confirme la journaliste Laurie Delhostal. 

Pour Marie Patouillet, les sponsors ont un rôle à jouer autant que les fédérations et les médias : “il faut que les sportives soient soutenues. Il faut que derrière, elles se sentent épaulées, et pas uniquement pour leurs performances, mais pour qui elles sont. Et ça, c'est vraiment primordial, surtout dans un environnement où on voit le budget du ministère des Sports qui dégringole”. 

Mais c'est aussi un drastique changement de mentalité qui doit s'opérer dans la société, afin de permettre aux sportives de s'exprimer comme elles le souhaitent et de briller pleinement.

“En tant que sportive, on se construit dans un environnement très masculin. On est façonnées avec l'espace qu'on nous laisse pendant toute notre carrière. Déconstruire cette place limitée qu'on leur donne, ça prend beaucoup de temps”, conclut la paracycliste médaillée d'or.