Édition abonnés

Les gestes à adopter au quotidien pour réduire les risques de cancer du sein

Publié le
éviter cancer du sein
C'est au cœur du message que souhaite faire passer Octobre Rose chaque année : nous pouvons agir au quotidien pour augmenter nos chances d'éviter un cancer du sein. Voici quelques actions simples pour se prémunir de cette maladie, première cause de décès par cancer des femmes en France.

D’après une enquête menée par La Ligue contre le Cancer, 1 femme sur 2 méconnaît les risques liés au cancer du sein. Un "état de fait" qui selon l’association, "freine très probablement l’attention portée aux facteurs de risque et aux actions de dépistage". À l’occasion d’Octobre Rose 2024, elle lance la campagne de prévention "Plus fortes ensemble". Le but : encourager les femmes à prendre soin d’elles-mêmes et de leurs proches en modifiant leurs habitudes de vie. 

"À l'heure actuelle en France, on estime qu’entre 30 et 40 % des cancers du sein sont attribuables à des facteurs de risque modifiables, c'est-à-dire qui sont liés à des comportements sur lesquels on peut essayer d'agir pour réduire son risque d'avoir un cancer du sein”, indique le Dr Pauline Vidican, gynécologue obstétricienne, médecin spécialisée en prévention primaire des cancers du sein au Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard (Lyon)

En 2023, 61 214 nouveaux cas de cancer du sein ont été diagnostiqués en France. 20 000 cas pourraient être évités chaque année en adoptant des gestes de prévention. Bien sûr, le risque zéro n’existe pas et certains facteurs génétiques et de nombreuses causes peuvent également entrer en jeu dans le développement d’un cancer du sein, mais ces simples habitudes auront, quoi qu’il arrive, un impact positif sur votre santé.

Participer au dépistage organisé 

"En France, le dépistage organisé s'adresse à toutes les femmes entre 50 et 74 ans, rappelle le Dr Vidican. Il consiste à réaliser une mammographie tous les deux ans afin de détecter le plus tôt possible une anomalie qui peut être cancéreuse. Plus elle est découverte à un stade précoce, voire à un stade de lésion précancéreuse, moins le traitement sera invasif et plus les chances de survie seront importantes." 

Lorsque le cancer du sein est détecté tôt, il guérit dans 9 cas sur 10. 

La plateforme Jefaismondepistage permet de trouver un.e radiologue agréé.e proche de son domicile et de prendre rendez-vous directement en ligne. Ce dépistage est gratuit, pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie. 

S’auto-palper les seins et les aisselles tous les mois

Chaque mois, après ses règles, il est important d’observer ses seins. Ce "scanner visuel" permet de vérifier que les seins ne présentent pas de signes inhabituels comme un écoulement au niveau du mamelon, une bosse, ou encore une peau à l’aspect différent. 

Il convient ensuite de réaliser une auto-palpation des seins et des aisselles. Si vous ne maîtrisez pas ce geste, il existe de nombreux tutos pour vous y aider. Autrement, demandez l’aide de votre médecin généraliste ou gynécologue pour vous montrer comment procéder. En cas d’anomalie identifiée, consultez au plus vite pour réaliser des examens approfondis, sans pour autant céder à la panique : il peut s’agir d’une tumeur bénigne du sein et non d’un cancer.

Contrôler son poids 

L’excès de poids est un facteur de risque de plusieurs types de cancers. "On estime qu’environ 8 % des cas de cancer du sein lui sont attribuables", informe le Dr Vidican.

Un surpoids ou une obésité - établis grâce à la mesure de l’IMC - entraînent différentes perturbations métaboliques : augmentation de la sécrétion d’insuline et résistance à l’insuline, apparition d’un état inflammatoire faible mais chronique. Des modifications qui stimulent la production d’hormones sexuelles et de facteurs de croissance, responsables de la multiplication et de la différenciation des cellules mammaires. 

"Chez la femme, le tissu graisseux stocke facilement les hormones comme les estrogènes. Par conséquent, celles qui sont en surpoids ou en obésité ont plus de risque de développer un cancer hormono-dépendant comme le cancer du sein ou de l’endomètre", précise la Fondation pour la Recherche sur le Cancer (ARC).

Pratiquer une activité physique régulière 

Que l’on soit en situation de surpoids, d’obésité ou non, la sédentarité peut augmenter le risque de survenue d’un cancer du sein. Il est donc essentiel de pratiquer une activité physique - adaptée - régulière pour ne pas provoquer les mêmes perturbations métaboliques impliquées dans un excès de poids. 

"Bouger permet aussi de stimuler son système immunitaire, ajoute la médecin spécialisée en prévention. Plus on passe de temps assise ou allongée, plus on augmente le risque d'excès de poids, et donc de cancer. Tout est lié".

Adopter une alimentation variée et équilibrée 

L’alimentation serait impliquée dans la survenue de près de 4 % des cancers du sein. Et même si "l’alimentation anti-cancer" à proprement parler n’existe pas, un régime alimentaire varié et équilibré permet tout de même de réduire la sécrétion d’insuline, de ne pas déclencher une insulino-résistance, et d’abaisser les concentrations d’hormones et facteurs de croissance dans le sang impliqués dans la prolifération de cellules potentiellement cancéreuses. 

L’Institut National du Cancer (INCa) recommande de consommer des aliments d’origine végétale et riches en fibres (céréales complètes, légumes secs, fruits et légumes). De limiter sa consommation de viande rouge, de charcuterie et de produits gras, sucrés et salés, notamment les produits ultra-transformés. Ces derniers contiennent des additifs, notamment, les émulsifiants, associés à un risque plus élevé de développer un cancer.

Selon les résultats d’une étude publiée en février 2024, "des apports plus élevés en mono- et diglycérides d'acides gras (E471), en carraghénanes totales (E407, E407a) et en carraghénane (E407) étaient associés à des risques plus élevés de cancer global, du sein et/ou de la prostate." 

Quid du soja ? Cet aliment contenant des phyto-œstrogènes (isoflavones) est depuis longtemps soupçonné d’augmenter le risque de cancer du sein. "Des études menées en Asie ont observé un effet protecteur d’une alimentation traditionnelle asiatique riche en soja. Toutefois, l’éventuel bénéfice pour la prévention n’est pas confirmé par les grandes études de cohorte menées en Europe ou en Amérique du Nord. Les compléments alimentaires à base de soja seraient associés à un risque de cancer du sein non sensible aux hormones, ainsi qu’un risque plus élevé chez les femmes ayant des cas de cancer du sein dans leur famille", détaille le Réseau Nutrition Activité Physique Cancer Recherche (NACRe).

Surveiller sa consommation d’alcool et de tabac

"En France, l’alcool est responsable de 15 % des cancers du sein. C’est énorme", alerte le Dr Vidican. Et de poursuivre : "Même si la consommation est peu importante en termes de quantité bue, on sait que le risque augmente à partir du moment où une femme consomme un verre de vin (10g d’alcool pur, ndlr) tous les jours." Une femme qui boit régulièrement augmente ainsi son risque de cancer du sein de 10% par rapport à celle qui ne boit pas. Un risque qui augmente de manière exponentielle à chaque verre supplémentaire.

Lorsqu’il est avalé, l’éthanol (le nom scientifique de l’alcool, ndlr) présent dans les boissons alcoolisées se transforme en acétaldéhyde, un composé génotoxique reconnu cancérogène pour l’Homme. Également, l’alcool favorise l’augmentation des taux d’œstrogènes et androgènes, ce qui favorise la multiplication des cellules au niveau de la glande mammaire.

En France, il est recommandé de ne pas consommer plus de dix verres standard par semaine ; ne pas consommer plus de deux verres par jour ; d’avoir des jours sans consommation dans une semaine. "Si les Françaises respectaient ces recommandations, on diminuerait de 16 000 cas le nombre de cancers du sein qui surviennent en France", indique la médecin.

Pour ce qui est du tabagisme, son rôle dans le développement du cancer du sein est moins précis et documenté. Selon une étude datant de 2014, commencer à fumer tôt et subir un tabagisme passif seraient deux facteurs susceptibles d’augmenter le risque de développer un cancer du sein.

"Le tabac est bien identifié comme étant un facteur de risque de plus de 17 localisations tumorales différentes. Donc si l’on parle de prévention un petit peu plus large du cancer, il n'y a aucun doute sur le fait qu'il faut essayer de réduire, voire d'arrêter toute consommation de tabac", ajoute le Dr Vidican. 

Quand c'est possible, allaiter son nouveau-né 

Un rapport du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) publié en 2018, indique que plus de 1600 nouveaux cas de cancer du sein diagnostiqués en 2015 en France ont été attribuables à un allaitement "insuffisant", c’est-à-dire d’une durée de moins de six mois par nouveau-né chez les femmes âgées de 30 ans et plus, ayant donné naissance à au moins un enfant.

Plusieurs études indiquent par ailleurs des niveaux de preuves "convaincants" de son effet bénéfique dans la prévention du cancer du sein. 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que les bébés soient exclusivement nourris au sein pendant les six premiers mois de leur vie pour la santé de la mère et de l’enfant, et que l’allaitement maternel soit poursuivi jusqu’à deux ans ou plus, en complément d’autres aliments et boissons appropriés. Aussi, chaque année supplémentaire d’allaitement diminue le risque de cancer du sein d’environ 4 %. 

"L’allaitement entraîne encore une fois une diminution du taux des hormones sexuelles", explique le Dr Vidican. Également, "l’excrétion des carcinogènes par le lait, l’exfoliation des tissus mammaires durant la lactation, ainsi que le processus d’apoptose massive lors de la fin de l’allaitement, pourraient réduire le risque de cancer par l’élimination des cellules à l’ADN endommagé", peut-on lire sur allaitement-info.org

Il est toutefois important de rappeler que certaines mères peuvent éprouver des difficultés à allaiter ou en être empêchées à cause d’un état de santé, d’un traitement médicamenteux incompatibles avec l’allaitement. Pour ces femmes, mais aussi pour celles qui font volontairement le choix de ne pas allaiter, rien ne permet d’affirmer qu’elles développeront forcément un cancer du sein. De même, une femme allaitante ou ayant allaiter selon les recommandations émises peut développer un cancer du sein. L’allaitement contribue à diminuer le risque, mais en aucun cas ne l’annule. 

Évaluer la balance bénéfices/risques des traitements à base d'hormones

La ménopause se traduit par un arrêt de la production d'oestrogènes et de progestérone. Il peut alors être proposé aux femmes de prendre un traitement hormonal substitutif (THS) : des œstrogènes seuls ; des oestroprogestatifs (à base de progestérone ou de dydrogestérone) ; des oestroprogestatifs autres que la progestérone.

"En août 2019, une large méta analyse publiée dans The Lancet a confirmé le risque augmenté, déjà connu, de cancer du sein chez les femmes utilisant un THS, indiquait en 2020 l'Agence Nationale du médicament (ANSM) après une réunion du Comité pour l’Évaluation des Risques en matière de Pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Ce risque est plus élevé pour les combinaisons oestro-progestatives que pour les oestrogènes seuls et augmente également avec la durée de traitement. D’autre part, au-delà de 5 ans de traitement ce sur-risque de cancer du sein peut persister jusqu'à 10 ans ou plus après l'arrêt du THS."  

Et de préciser : "les femmes ne doivent prendre un traitement hormonal substitutif des symptômes de la ménopause qu’à la dose la plus faible et pendant la durée la plus courte possible. Pendant toute la durée du traitement, des examens réguliers sont recommandés, leur nature et leur fréquence étant adaptées à chaque patiente. Les femmes doivent être informées du type d’anomalies mammaires pouvant survenir sous traitement ; ces anomalies doivent être signalées au médecin traitant. Les examens, tels qu’une mammographie, doivent être pratiqués selon les recommandations en vigueur, et adaptés à chaque patiente".

Et la pilule contraceptive, peut-elle aussi augmenter le risque de cancer du sein ? Beaucoup d'études ont été menées à ce sujet, sans pour autant permettre d'établir un lien causal direct pour toutes. Cependant, Le CIRC a classé les contraceptifs hormonaux combinés comme cancérogènes pour l’Homme (groupe 1) en 2005. 

Une étude publiée en 2023 dans la revue PLOS Medicine, menée par les Universités d’Oxford (Royaume-Uni) et d’Adélaïde (Australie) avance que le risque de développer un cancer du sein en prenant n'importe quel contraceptif hormonal augmenterait de 20 à 30 % (comparativement à l'absence de contraception hormonale). Toutefois, la pilule combinée pourrait jouer un rôle protecteur contre les cancers de l’ovaire et de l’endomètre. De plus, la pilule reste l'un des contraceptifs les plus efficaces pour se prémunir d'une grossesse non désirée. Il convient d'évaluer avec son médecin la balance des bénéfices et des risques de chaque contraceptif afin de trouver celui qui convient à chacune. 

Se protéger des perturbateurs endocriniens 

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont partout : dans ce que l'on respire, mange, boit, touche... De nombreuses études ont été menées sur le sujet et il est encore difficile de déterminer quel est leur niveau d'implication dans le cancer du sein du fait du caractère multifactoriel de la maladie. 

Pendant de nombreuses années, un lien potentiel entre les sels d'aluminium présents dans la formulation des déodorants anti-transpirants (ou autres produits d'hygiène corporelle) et le cancer du sein a été au coeur des préoccupations des consommatrices. Aujourd'hui, il existe des formules sans sels d'aluminium, même si sa nocivité n'a jamais été démontrée scientifiquement. "En mars 2020, le comité scientifique pour la sécurité des consommateurs de l’Union européenne considère 'comme sûre l’utilisation de l’aluminium dans les anti-transpirants, les dentifrices et les rouges à lèvres dans les concentrations usuelles des formules commercialisées' (soit moins de 10,60 % pour les sprays et 6,25 % pour les autres, des seuils supérieurs à ceux retrouvés dans les produits sur le marché). Même une application quotidienne de produits contenant du sel d’aluminium ne constitue pas un ajout significatif par rapport à l’aluminium absorbé en provenance d’autres sources", rapporte l'INCa

Parmi les travaux les plus récents démontrant de manière assez certaine leur implication, on peut citer l'étude XENAIR, menée par des chercheurs du Centre Léon Bérard au sein du département Prévention Cancer Environnement. Publiée en 2021, elle démontre l'impact de l’exposition à long terme au BaP (benzo[a]pyrène) atmosphérique sur le cancer du sein. "Notre étude suggère que l’exposition atmosphérique au BaP est un facteur de risque de cancer du sein, en particulier les cancers du sein hormono-dépendants (c’est-à-dire ceux qui expriment des récepteurs aux estrogènes et à la progestérone). De manière générale, elle renforce un corpus de preuves indiquant que la pollution de l’air peut être un facteur de risque pour le cancer du sein chez la femme. Cette étude a également montré que les femmes ayant été exposées pendant leur transition ménopausique ont un risque augmenté de cancer du sein", explique dans un communiqué Amina Amadou, première autrice de l'étude.

Le 3 octobre 2024, lors des 30es journées internationales de sénologie de Strasbourg, les résultats préliminaires de l'étude "Cancer du sein et environnement" sur l'impact des pesticides, des métaux lourds et des polluants éternels (PFAS) ont été présentés. Au total, les scientifiques ont analysé 1072 échantillons de tumeurs et de tissus péritumoraux prélevés sur 687 patientes. "Les pesticides se trouvent principalement dans la zone péritumorale qui est graisseuse contrairement aux métaux et aux PFAS qui se trouvent essentiellement dans la tumeur même. Cela montre que nous sommes contaminés par toutes ces substances qui se trouvent dans l'environnement", analyse pour France 3 le Dr Albert Moussaron, chef de projet de l’étude.

Dans le doute, il est préférable autant que possible de se prémunir des PE en adoptant certains gestes et habitudes de consommation au quotidien.

Le cas particulier de la mastectomie préventive 

Environ 10 % des cas de cancers du sein apparaissent dans un contexte génétique. Les principaux gènes liés aux cancers du sein sont BRCA1 et BRCA2. Ces derniers "exposent à des risques majeurs de cancer du sein et de l’ovaire qui peuvent atteindre 90 % en risque cumulatif pour la vie entière pour le risque de cancer du sein", précise l'INca. 

Cette prédisposition génétique suppose une surveillance étroite des femmes, avec un examen clinique tous les six mois et une imagerie annuelle avec IRM, mammographie et échographie. Autre option possible : avoir recours à une mastectomie bilatérale prophylactique (aussi appelée mastectomie préventive), une opération chirurgicale qui consiste à retirer les glandes mammaires, avec ou sans reconstruction par la suite. 

Comme le précise l'Institut Gustave Roussy, "La mastectomie prophylactique réduit de façon majeure le risque de cancer du sein : après cette intervention, le risque résiduel de cancer du sein est très faible, moins de 5 % au cours de la vie, car parfois l'intervention ne permet pas d'enlever la totalité du tissu mammaire."

[Dossier] Octobre Rose : tous unis contre le cancer du sein avec l'association Ruban Rose - 51 articles à consulter
Cet article est réservé aux abonnées
Inclus dans votre abonnement :
  • Votre magazine en version numérique en avant-première (+ les anciens numéros)
  • Tous les contenus du site en illimité
  • Une lecture zen avec publicité réduite
  • La newsletter spéciale abonnées qui vous fera part : 
  • Des jeux-concours exclusifs
  • De nos codes promos exclusifs
  • Des invitations aux événements Marie Claire

 VOTRE PACK BEAUTÉ & BIEN-ÊTRE 

 

  • 10 € de réduction sur la Box Beauté Marie Claire du moment
  • 3 mois gratuits sur  Le Tigre : Yoga, pilates, relaxation ... sans modération !

La Newsletter Égo

Bien-être, santé, sexualité... votre rendez-vous pour rester en forme.