Retrouver une lumière d'été naturelle dans un studio photo de l'Est parisien, fin mars. Un exercice périlleux tant la météo se joue de nous depuis des mois. Pourtant, le miracle se produit.

Le soleil brille déjà ce jeudi matin, quand, à 10 heures pétantes, Estelle Lefébure descend d'un taxi moto avec sa valise. Elle doit s'envoler direction le sud dans l'après-midi. C'est drôle comme la belle Normande évoque, d'ailleurs, davantage la chaleur méditerranéenne que l'embrun froid océanique. De ces premières couvertures de magazines à la fin des années 80, elle a gardé le sourire éclatant, la blondeur éblouissante. Elle est solaire, oui. Même quand elle parle des sujets sombres qu'elle défend activement. La protection de la faune et de la flore marine.Le bien-être animal.

Estelle s'est prêtée avec le même élan au shooting illustrant ce numéro qu'à l'interview abécédaire aux 26 lettres. Le secret d'une grande pro ?

A comme ayurvéda

"Une médecine ancestrale venue d'Inde, axée autour des bienfaits de l'alimentation sur la santé. Je cuisine beaucoup de légumes, cuits avec du ghee (beurre clarifié, ndlr) ou de l'huile de coco, en chauffant d'abord les épices pour conserver leurs vertus. Je l'ai découverte en faisant du yoga aux États-Unis et transmise à mes enfants. Mon fils et moi, adorons nous préparer des shots de gingembre ou de curcuma."

B comme bouger

"Une autre clé de la santé. Bouger exprime autant l'activité physique que l'exploration de nouveaux paysages. Je ne sais pas combien je fais de pas par jour, mais je n'arrête pas. Je me dis même que je devrais m'asseoir un peu plus."

C comme chevaux

"Ma passion. Quel bonheur ! Les chevaux vous apportent quelque chose de très fort et d'authentique. Ils détectent vos émotions, vous ne pouvez pas leur mentir."

D comme défendre

"Défendre les plus faibles, surtout ceux qui n'ont pas la parole. La cause animale m'est chère. Je parraine une association qui recueille des chiens, plutôt catégorisés malheureusement (les chiens dangereux, ndlr). Je fais aussi des dons à Action Protection Animale, une organisation de terrain. La violence envers les animaux semble hélas s'être accentuée depuis le covid."

E comme eau

"Mon élément. Des plages de mon enfance, avec des gros galets (qui faisaient mal au dos) de Dieppe à celles de la Guadeloupe, plus tard celles de Saint-Barthélemy où j'ai passé énormément de temps. L'eau a toujours eu une grande importance dans ma vie. Nous sommes constitués principalement d'eau. Elle est vitale, protégeons-la car elle est en danger."

F comme fonds marins

"J'ai cofondé l'association Spero Mare pour les préserver. Quand on s'engage pour la nature, c'est aussi pour protéger l'être humain, en revenant au vivre-ensemble avec le sauvage. L'association monte actuellement des dossiers pour mettre en avant et aider financièrement d'autres actions, comme par exemple le projet de sauvegarde des tortues marines aux Antilles, avec le CNRS et le chercheur Damien Chevallier. Trouver de l'argent reste le nerf de la guerre. Tout comme se fédérer avec d'autres associations, car, seul, on ne peut rien faire. Nous serons le 9 juin à Nice pour la Conférence des Nations unies sur l'océan (UNOC), un sommet qui rassemblera tous les grands de ce monde. En espérant que des choses bougeront ensuite rapidement. Je suis également toujours marraine du concours Oceano pour tous, organisé dans les collèges par l'Institut océanographique de Monaco. L'éducation et la sensibilisation des jeunes restent essentielle."

G comme gourmandise

"Je peux être gourmande, mais sainement, et pas de façon compulsive. Nous avons tout pour faire des recettes délicieuses, moins grasses, moins sucrées, et qui ont quand même du goût."

H comme Harrison

"Le prénom de mon petit-fils. Je suis fière de dire que je suis grand-mère. Ce mot est rejeté aujourd'hui, associé à la vieillesse. Or, on peut être un jeune grand-parent. J'ai une vie très active, d'autant plus que j'ai encore un enfant de 14 ans. Ce rôle de transmission des aînés est important pour moi. Je regrette de ne pas avoir passé assez de temps avec les miens."

I comme injections

"Pour l'instant, je n'en vois pas l'utilité. Mais libre à celles qui éprouvent le besoin de le faire. Le problème vient du risque d'addiction, surtout chez les jeunes filles. J'ai cru comprendre que, lorsque l'on commence, il est difficile d'arrêter. Et j'ai toujours peur du résultat dans quelques années... "

J'ai vécu jusqu'à 19 ans dans la verdure en Normandie, je considère que c'est une chance d'avoir grandi avec un jardin.

J comme jardinage

"Dès que je suis à la campagne, je cultive mon potager d'herbes aromatiques, romarin, verveine, sauge, citronnelle. Un moment de détente qui me rappelle quand je mettais les mains dans la terre avec ma mère et mon père. J'ai vécu jusqu'à 19 ans dans la verdure en Normandie, je considère que c'est une chance d'avoir grandi avec un jardin."

K comme kilos

"On ne me pesait pas constamment à l'époque, mais certaines agences le faisaient. Je pouvais entendre, “là, il faudrait que tu perdes une taille”, ce qui revenait quasiment au même. Moi, j'ai toujours eu des formes... J'ai aussi accouché de trois enfants, dont ma première fille à 29 ans. La grossesse fait prendre des centimètres au niveau des hanches. C'est ainsi... Le bassin s'élargit, il faut savoir l'accepter."

L comme lutter

"Je lutte pour faire passer des messages. Pour soutenir des causes importantes. Mais il faut se faire entendre sans violence. Je trouve que l'on a tendance à confondre les deux actuellement. Je suis maintenant membre de Wave, le comité du conseil d'administration de No More Plastic, la fondation qui dénonce l'impact de la pollution plastique sur la santé. Sous-estimée, elle est présente partout, notamment dans l'air. Les premières touchées sont les femmes. Puis leurs enfants, affectés déjà au stade de fœtus."

M comme Mixa 

"J'atteins les vingt-sept ans de collaboration, le plus long contrat français ! Récemment, au cinéma, des personnes assises devant moi m'ont reconnue... à ma voix, entendue dans les publicités. C'est une belle histoire de fidélité transgénérationnelle. La marque Mixa a parlé – et c'est toujours le cas aujourd'hui –, à toutes les générations."

N comme nuit

"J'ai des journées à rallonge et des nuits un peu trop courtes. J'essaie de me reprogrammer, mais le changement d'heure hiver/été n'arrange rien. En 2025, c'est complètement ridicule. On ne peut pas l'arrêter ? Il dérègle le cerveau et le corps."

O comme optimisme

"J'ai parfois du mal à employer le mot, notamment en ce qui concerne l'environnement. Je lui préfère celui d'"espoir", plus fort. Mais il est nécessaire de l'être pour soi et les autres. Voir toujours le verre à moitié vide, c'est dur, non ? Je crois aussi que, si l'on donne du positif, on en reçoit en retour."

P comme peau

"Elle vit, c'est un microbiote. Elle a besoin d'être hydratée, nettoyée, soignée de l'intérieur comme de l'extérieur. Une fois encore, l'alimentation joue un rôle énorme. Elle reflète l'état de santé. Un organe un peu encrassé, le foie par exemple, ça se voit sur la peau."

Q comme quinqua

"Je n'utilise pas l'expression mais elle ne me dérange pas. J'assume mon âge. Prétendre que j'ai 55 ans, alors que l'on peut vérifier sur Internet que j'en ai 59, serait ridicule. Pourquoi mentir ? Le temps qui passe est un privilège."

Sourire constitue déjà un moyen de communiquer qui peut enchanter une journée.

R comme rire

"Un langage universel et contagieux qui ne nécessite pas de traducteur. Combien de fois avez-vous eu un vrai fou rire ? Il s'avère pourtant tellement bénéfique au moral. Sourire constitue déjà un moyen de communiquer qui peut enchanter une journée."

S comme sud

"Les régions magnifiques du Sud... J'ai passé beaucoup de moments extraordinaires dans la maison de ma mère, dans le Lubéron. Nous possédons aussi des fonds marins merveilleux en France. Je plonge beaucoup dans la Méditerranée, au large de la côte Bleue à Marseille, des îles du Frioul, de la presqu'île de Giens, du côté de Port-Cros..."

T comme top model 

"J'ai l'impression que l'on emploie moins le terme. Dans les années 80 et 90, les tops étaient des icônes de la mode assez uniques. Depuis, les actrices sont revenues sur le devant de la scène et l'on a perdu ces figures emblématiques. Nous formions un groupe de dix filles environ, venant d'horizons différents, avec chacune notre personnalité. Notre longévité est plutôt inédite car nous continuons toutes à travailler : Cindy, Helena, Elle, Christy, Naomi, Linda. D'ailleurs, tout le monde connaît ces prénoms ! Nous avons marqué un temps et je suis fière d'en faire partie. Je les appelle mes années d'or !"

U comme urgences

"Les miennes se rapportent toujours au climat, à ma volonté de sensibiliser un maximum de personnes. C'est mon rôle de femme engagée, car, oui, il y a une véritable urgence climatique. D'un point de vue plus personnel, passer un maximum de temps avec ma famille reste primordial. Notre temps est court sur cette terre. Il faut en prendre conscience et rester humble. Profiter des êtres aimés et arrêter de se prendre la tête. J'ai toujours voulu garder un équilibre."

V comme vivre

"Est-ce que je vis ? Une question que l'on pourrait se poser quand on est constamment en apnée, à cent à l'heure. Vivre, c'est aussi s'émerveiller devant un arbre qui fleurit. Je semble naïve... Pourtant, je parle simplement de redécouvrir l'émerveillement. De retrouver notre capacité à regarder les belles choses. Il n'est humainement pas tenable de se nourrir uniquement d'une actualité anxiogène."

W comme Welcome

"Welcome pour "Accueillir". Le titre de mon nouveau livre. Un joli mot, à la consonance très ouverte, qui englobe beaucoup de choses, notamment la conscience du temps qui passe et le besoin d'en profiter. En français, “bienvenue” ne sonne pas pareil. C'est une idée de mon éditeur qui est venue assez vite lors de l'écriture. J'ai une communauté fidèle, pas la plus nombreuse, mais active et qui me suit depuis de longues années – ce que je trouve plus important que simplement cumuler des followers. Elle est en majorité composée de femmes. J'ai eu envie de partager avec elles mes expériences, mes connaissances, mes solutions, dans un ouvrage pour lequel j'ai fait beaucoup de recherches."

X comme X (ex-Twitter)

"Je n'y suis pas. Je gère mon compte Instagram mais pas celui de Facebook. Je poste avec plaisir, tout en ayant conscience que les réseaux ouvrent une porte aux "haters" qui peuvent atteindre des personnes déjà fragiles."

Y comme yoga

"Une discipline qui m'a appris à respirer correctement et à méditer. Aujourd'hui, je lui préfère le Pilates car j'ai besoin de m'étirer. Je marche aussi beaucoup."

Z comme zen

"Une autre façon de se recentrer sur soi, en choisissant de ne pas se laisser embarquer dans un environnement stressant. Le zen ramène à la terre, invite à se poser, à voir l'essentiel. Il me donne également envie d'éliminer pas mal de choses dans ma maison. Entasser, ce n'est pas zen du tout !"

*Éd. Flammarion, 304 p., 21 €. 

Interview publiée dans le magazine Marie Claire Respirations, HS