Les émulsifiants comptent parmi les additifs les plus utilisés aujourd’hui par l’industrie agroalimentaire.

Plus de 50% des aliments transformés, élaborés en usine, en contiennent : gâteaux emballés, biscottes, margarine, plats préparés, gnocchis, mayonnaise, certains yaourts allégés, glaces, soupes, barres chocolatées, etc…

Leur usage est massif car leur capacité à former des mélanges stables et homogènes entre l’eau et le gras améliore non seulement la texture des produits, mais aussi leur durée de conservation. "La lécithine, par exemple, permet d’obtenir la texture onctueuse des crèmes glacées et d’éviter qu’elles fondent trop vite", explique Céline Richonnet, diététicienne et nutritionniste, auteure de Bien nourrir votre enfant pour un microbiote au top (éd. Marabout).

On a longtemps pensé qu’ils transitaient simplement dans l’intestin sans interagir avec notre organisme, mais "les chercheurs ont montré qu’ils perturbent en réalité fortement le microbiote et provoquent une inflammation de la paroi intestinale, même après seulement deux semaines de consommation", signale l’experte. 

Un risque accru de diabète de type 2

En analysant les données médicales et nutritionnelles de 104 139 adultes de 2009 à 2023 - obtenues dans le cadre de l’étude NutriNet Santé -, une équipe de recherche française vient de trouver un lien entre l’ingestion répétée d’émulsifiants et la survenue, à terme, d’un diabète de type 2. Tous ne semblent pas incriminés.

Son étude 2, publiée en avril 2024 dans la revue Lancet Diabetes & Endocrinology, désignent sept principaux coupables : le E407 (carraghénanes), le E340 (phosphate tripotassique), le E472, le E331 (citrate de sodium), le E412 (gomme-guar), le E414 (gomme arabique) et le E415 (gomme xanthane).

Des ingrédients qu’il vaut mieux éviter de mettre dans son assiette, d’autant que les produits qui en contiennent s’avèrent généralement ultra-transformés, donc trop gras et trop sucrés.

Des troubles cardiovasculaires en ligne de mire

Ces mêmes chercheurs avaient déjà identifié auparavant une relation de cause à effet entre ces additifs et la survenue d’infarctus du myocarde et d’AVC (accident vasculaire cérébral).

Après sept ans de suivi, ils ont en effet constaté que des apports alimentaires réguliers en émulsifiants E460 à 468 étaient associés à un sur-risque de maladies cardiaques et vasculaires, à âge, poids, sexe, niveau d’éducation et d’activités physiques équivalents. Le E460 (cellulose microcristalline) et le E466 (carboxyméthyl-cellulose) semblent davantage incriminés.

Le E472b et le E472c, des monoglycérides et triglycérides d’acides gras, attisent, eux aussi, le spectre d’apparition d’une maladie coronarienne, selon une étude parue dans le British Medical Journal, en septembre 2023. Il en est apparemment de même pour le E339, que la liste d’ingrédients des produits mentionne souvent sous le nom de phosphate trisodique.

La menace du cancer

Encore plus préoccupant : l’un de ces composés chimiques serait également générateur de cancers.

Les plus gros consommateurs de E471 semblent, en effet, plus susceptibles de développer un cancer, toutes localisations confondues, d’après l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Leur consommation abusive augmenterait notamment le risque de cancer du sein chez la femme (+ 24%) et de cancer de la prostate chez l’homme (+ 46%).

Les carraghénanes (E407 et E407a) sont aussi sur la sellette. Les femmes qui en absorbent régulièrement ont 32% de risque en plus d’être atteinte d’un cancer du sein que celles qui en consomment sporadiquement. 

Pour traquer leur présence, n’hésitez pas à scruter la composition des produits inscrite sur l’emballage. Sinon, utilisez une application gratuite, telle que Yuka ou Open Food Facts, afin de trier le bon grain de l’ivraie.