Avec la suspension en février dernier d’Ysaora Thibus, grande chance de médaille de la délégation tricolore aux Jeux Olympiques de Paris 2024, le dopage a agité cette année encore le monde du sport. Si au final, la championne du monde de fleuret en 2022 a été innocentée après trois mois de suspension, par le tribunal disciplinaire de la fédération internationale d’escrime, les cas se multiplient et ternissent l’image d’un sport propre.
Ces dernières semaines, une athlète de l’équipe des réfugiés olympiques a également été suspendue, quelques jours après la révélation d’un scandale de dopage dans la natation chinoise.
À mesure que les tests sont de plus en plus efficaces, les sportifs de haut niveau redoutent plus que tout, les risques d’exposition inopinés, comme la contamination par conjoint [comme dans le cas d'Ysaora Thibus, ndlr].
"Il faut faire attention à tout, en permanence"
“Un jour, je voulais acheter un spray pour le nez à la pharmacie, j’ai quand même demandé à vérifier ce que le produit contenait et il y avait une substance qui peut s’avérer dopante, raconte Emma Lunatti, qualifiée pour les Jeux olympiques 2024 avec l’équipe de France d’aviron. Il faut faire attention à tout, en permanence.”
Être sportive de haut niveau demande une extrême vigilance au quotidien. "Je vois toujours le même staff médical, un nutritionniste de l’équipe de France, les médecins de l’Insep et je vais toujours à la même pharmacie, explique la rameuse. Quand j’ai besoin de faire une cure de vitamines par exemple, je demande toujours l’avis du médecin ou du nutritionniste pour être sûre d’un produit."
Il y a à chaque fois un risque de vouloir revenir plus vite et plus fort [...] Très vite ça augmente les risques de se retrouver dans une situation où on ne sait pas ce qu’on prend, ce qu’il y a dans les médocs pour soigner la douleur.
En cas de blessure ou d’un arrêt forcé, les risques peuvent être démultipliés. Depuis deux ans, Emma Lunatti est blessée au dos chaque hiver. Quand on court constamment après les résultats, "il y a à chaque fois un risque de vouloir revenir plus vite et plus fort", indique l’athlète, qui a eu recours à des infiltrations pour son dos et des anti-inflammatoires prescrits par son médecin, avec une attention particulière portée à chaque composant.
“Mais si on n’est pas bien entouré, ou qu’on doit avoir recours à un praticien qui n’a pas forcément conscience des enjeux, très vite ça augmente les risques de se retrouver dans une situation où on ne sait pas ce qu’on prend, ce qu’il y a dans les médocs pour soigner la douleur”, constate la partenaire de Margaux Bailleul engagée sur le deux de couple en aviron aux JO.
La blessure rend plus vulnérable
Elle donne l’exemple de sa coéquipière victime d’une crise d’urticaire, avec le visage gonflé et des difficultés à respirer.
“On a dû lui faire une piqûre en urgence, mais on a appris ensuite que le produit était interdit en compétition. On a dû faire une AUT (autorisation d’usage à des fins thérapeutiques) pour expliquer la situation, car nous avions un contrôle antidopage le lendemain, se souvient-elle. Mais avant cet épisode, nous n’avions pas conscience de toute cette procédure. La prise du médicament était obligatoire pour la santé de Margaux (Bailleul), si nous étions en compétition, Margaux aurait dû déclarer forfait.”