Le 5 août 1992, Marie-José Pérec remporte sa première médaille olympique aux Jeux de Barcelone. Elle a 24 ans. Elle entre dans la légende du sport.

Mais c'est la décision qu'elle prend au lendemain de ces Jeux qui change sa vie. Elle embarque dans un avion pour la Californie. Elle veut convaincre l'entraîneur John Smith de la prendre dans son équipe. Il n'a jamais entraîné de femmes. Elle, elle l'a vu à Barcelone, "swinguer avec ses athlètes", "gagner dans la décontraction", alors qu'elle ne supporte plus les cris de son coach.

Il ne comprend pas ce qu'elle lui veut, mais puisqu'elle est là, il la fait courir avec ses athlètes. "Et j'ai tué la séance", raconte-t-elle dans Le Sacre (Ed. Le Parisien). Aux J.O. d'Atlanta, ce n'est pas une, mais deux médailles qu'elle remporte, sur le 400 et le 200 mètres.

L'or olympique comme Graal

Au micro de la journaliste Anne-Laure Bonnet, Allison Pineau, championne olympique de handball, elle aussi guadeloupéenne, s'inscrit dans cet héritage : "Pour moi, les J.O., c'est Marie-Jo."

Son obsession : rapporter une médaille olympique, quel qu'en soit le prix. Rendez-vous manqués, échecs, blessures... Vingt ans de sacrifices pour aller chercher le Graal, une médaille d'or pour l'équipe de France de hand aux Jeux de Tokyo. Et cette conclusion : "J'ai réussi... avec mes copines."

Elle est à son tour un modèle pour les nouvelles générations.

Les athlètes face au racisme

Marie-José Pérec a aussi choisi John Smith parce qu'il était engagé contre le racisme. Allison Pineau a entendu des cris de singe, en tribunes, sur les terrains en 2015. Elle décrit le choc, la colère, les larmes, mais "c'est un sentiment que l'on ne peut décrire".

Dans une série consacrée au "revers de la médaille", la journaliste des Pieds sur terre (France Culture) Adila Bennedjaï-Zou revient, avec deux anciennes athlètes, sur le racisme ancré au sein des institutions sportives françaises dans les années 60-70.

Ainsi, Emma Sulter, sprinteuse martiniquaise, qualifiée pour les Jeux de Montréal en 1976 mais, une fois sur place, écartée par les coachs des entraînements, des repas, des points d'information... et finalement de sa course, ce 100 mètres qu'elle n'a pas pu courir.

Elle sera même effacée des archives de la Fédération et privée de points pour sa retraite. "Pourquoi ? Alors que j'avais les meilleures performances ? Qu'est-ce que j'ai fait ?"n Marie-José Pérec, triple médaillée, conclut : "Tout le monde me dit “bravo”, et les Noirs me disent "merci". Ce n'est pas pareil."

Trois podcasts de sport féminin

  • Marie-José Pérec dans Le Sacre (Le Parisien).
  • Allison Pineau dans Le Sacre (Le Parisien).
  • "Les athlètes sont des personnes racisées comme les autres" de la série Le Revers de la médaille (France Culture).