Une lettre d’amour à la nuit, à l’art de la séduction et à l’homme qui a su s’en faire le maître tout au long de sa carrière. C’est en filigrane ce qu’a voulu exprimer Haider Ackermann à travers son premier opus à la tête de la direction artistique de Tom Ford. Un show extrêmement attendu en cette semaine de la mode parisienne automne-hiver 2025-2026.

Un jeu d’ombres et de reflets

Plongé dans une pénombre élégante, le défilé s’ouvrait sur des miroirs aux reflets brouillés, comme autant de vestiges d’une nuit ardente. Un moment suspendu, entre l’éclat de la fête et la lueur froide du lendemain, qu’Haider Ackermann a capté à travers une mise en scène qui n’est pas sans rappeler l’esthétique fétiche de Tom Ford, ici installé au premier rang du show à côté d’Anna Wintour.

Une collection gender fluid

D’emblée, Haider Ackermann brouille les lignes avec une collection mixte où les genres se répondent et s’entremêlent avec fluidité. Les costumes aux épaules aiguisées côtoient des robes aux drapés éthérés, tandis que les chemises ouvertes sur des torses nus, les blazers portés à même la peau et les pantalons aux tailles marquées révèlent une esthétique androgyne assumée.

Ici, le vêtement est conçu pour magnifier le corps, quel qu’il soit, distillant une certaine forme de sensualité universelle, débarrassée des carcans traditionnels.

L’art de la suggestion

Si Tom Ford exaltait en son temps une sexualité frontale, Haider Ackermann préfère quant à lui l’art du non-dit. Les découpes inattendues et les costumes affûtés flirtent avec l’ambiguïté des genres, les slits vertigineux côtoient des lignes épurées et le cuir se fait discret, qui souligne une hanche ou une taille avec la précision d’un couturier aguerri. Le point d’orgue ? Une robe à franges lavande portée par Karen Elson, la fluidité et la structure réunies dans un même mouvement.

Une palette chromatique aiguisée

Outre les noirs profonds fidèles à l’ADN de la marque, Haider Ackermann s’est autorisé des incursions dans des couleurs électriques et des pastel soutenus. Les épaules acérées, marque de fabrique du designer, se conjuguent à des tissus scintillants, écailles exotiques aux reflets chatoyants.

L’héritage réinterprété

Tout au long du show, les références à Tom Ford se lisent avec subtilité. Des tailles marquées aux jeux de matières contrastées, tout rappelle la sensualité sophistiquée de l'Américain. L’initiale de son prénom, inscrite discrètement sur des talons et des bijoux, est un clin d’œil furtif.

Pour autant, Haider Ackermann ne tombe jamais dans la nostalgie gratuite. Il préfère l’allusion au manifeste. Avec cette idée que la vraie séduction réside dans l’attente, dans le détail à peine révélé. Et que pour la maison, une nouvelle ère vient de se dévoiler.