"Cela me fait bizarre de parler au nom des femmes en tant qu'homme. Même en tant qu'homosexuel", confesse frontalement Burç Akyol dans sa note de défilé. "Je n'ai aucune idée de ce que les femmes pensent ou ressentent jusqu'à ce qu'elles me le disent, et j'aime écouter et je peux avoir de l'empathie, mais je pense que même cette empathie à ses limites."

En livrant sa vérité, le styliste remet en exergue la conversation sur la légitimité des hommes à inventer des vêtements pour les femmes. Car comment, de leur point de vue masculin, peuvent-ils comprendre et répondre à leurs besoins, à leurs envies ? Les journalistes mode ont toujours su faire la différence entre les designers masculins indifférents à leurs désirs et ceux qui vénèrent les femmes. Dans cette seconde catégorie figurent évidemment Jean Paul Gaultier, Oscar de la Renta, ou encore de Christian Dior, qui dit un jour : "Après la femme, les fleurs sont les créations les plus divines".

Jupes fluides et manteaux satinés

Le mardi 11 mars, à son défilé automne-hiver 2025-2026, Burç Akyol a envoyé sur son catwalk des mannequins envoûtantes avec leurs jupes fluides, leurs power suits lainés et leurs manteaux satinés couleur or. La robe ? La femme Burc Akyol l'aime diaphane et ornée de métaux dorés qui émettent du son à chacun de ses pas. Bref, elle est une œuvre d'art ambulante.

Mais retour à l'interrogation qui a occupé l'esprit du semi-finaliste du LVMH Prize 2023 avant son défilé : "Comment concevoir pour les femmes, autrement dit trouver des solutions pour elles ?" De toute évidence, il a compris qu'il ne pouvait répondre à cette question qu'en s'inspirant de sa propre part de féminité.