Avec pas moins de 45 défilés et au moins autant de présentations dispersées sur neuf jours, la semaine de la mode parisienne est la plus longue et la plus surbookée des quatre fashion weeks occidentales. La circulation est perturbée et les cafés investis par des journalistes qui rendent compte des défilés en tapotant sur leur clavier d'ordinateur. Mais bien que ça en ait l'air, le monde ne s'arrête pas de tourner pour autant.

Le 8 mars 2025, dans tout l'Hexagone, des foules entières se sont élancées dans les rues pour célébrer la date de la lutte pour l'égalité des sexes. La manifestation place de la République a démarré à 14 h. Un quart d'heure avant, du côté du Pavillon Cambon, Andreas Kronthaler recevait une pluie d'applaudissement pour son nouveau défilé dont les muses étaient des rôles modèles féminins parmi lesquelles l'écrivaine Gertrude Stein, la chanteuse Rihanna et la mannequin Jerry Hall.

Costume pour toutes

Évidemment, feue son épouse dame Vivienne Westwood a, elle aussi, influencé son show automne-hiver 2025-2026. C'est elle qui a légué sa passion pour le tailoring à Andreas Kronthaler. Le créateur clame d'ailleurs dans la note d'intention du défilé : "Il n'y a rien de plus sexy qu'un costume !" C'est pour cette raison que sa nouvelle collection le consacre : rayé et porté avec une cravate, tailleur féminin à pantalon bariolé façon dandy, combo cardigan et jupe en laine Yorkshire... L'ensemble deux-pièces strict révèle son potentiel récréatif et sensuel sous l'impulsion de la griffe britannique.

Cette dernière reste fidèle à son caractère anticonformiste. Ses mannequins masculins portent la jupe, l'escarpin verni et les bas de contention. Faut-il rappeler que dans un temps pas si lointain, les femmes n'étaient même pas autorisées à porter le pantalon ? Au XIXe siècle, les Parisiennes — dont la féministe George Sand — se devaient de montrer une permission de travestissement pour être autorisées à en arborer dans les rues de la capitale.

C'est une constante depuis sa création en 1971 : la maison Vivienne Westwood n'a pas fini de narguer les mœurs en imposant simplement ses propres codes. Sur son podium comme dans le monde entier, le combat pour déconstruire les mentalités et revendiquer l'égalité entre les femmes et les hommes continue.