1970. Alors qu'elle vient d'achever le tournage du film Klute, Jane Fonda se fait arrêter et emprisonner à Cleveland aux États-Unis pour trafic de drogue. Comme tous les prisonniers américains, l'actrice et militante alors âgée de 32 ans a le droit à sa série de clichés d'identité judiciaire (mug shot en anglais) de face et de profil. Sur l'un d'eux, l'actrice pose le poing levé, un geste qui à l'époque traduit le militantisme de la star, fermement engagée contre la guerre au Vietnam.
Mais ce qui attire aussi l'œil, c'est sa coiffure : Jane Fonda pose avec les cheveux courts et bruns. On est bien loin du blond décoloré de son personnage candide et glamour de Barbarella. Surnommée la coupe shag, elle est propulsée au rang de tendance et devient - contre toute attente - un symbole de militantisme et d'émancipation.
Retour sur l'histoire de cette coupe de cheveux emblématique des années 70.
La coupe de cheveux militante de Jane Fonda
Loin d'être anecdotique, la coupe shag de Jane Fonda s'inscrit dans son engagement politique et féministe. Comme elle l'explique dans un post de son site internet janefonda.com, elle n'a pourtant jamais fait le choix délibéré de porter cette coupe dans ce but précis : "Je venais de terminer le tournage de Klute, donc, oui, c’était la coupe de cheveux de Klute".
À la fois déstructurée et stricte, la coupe shag incarne une certaine rupture avec les codes de beauté féminins de l'époque. Exit le brushing aérien de Farrah Fawcett et le blond angélique à la Marilyn Monroe. Résolument plus rock'n'roll, elle envoie valser l'image lisse de la femme américaine parfaite avec sa frange pleine et ses longueurs effilées. En faisant le choix de garder cette coupe, Jane Fonda montre qu'elle est une insoumise qui ne se plie pas sagement aux règles édictées par la société. Devenue tendance, la coupe shag a par la suite été portée par d'autres femmes "rebelles" en quête de liberté, à l'instar de Debbie Harry et Patti Smith.
Une histoire qui fait écho à celle d'une autre femme forte et militante de l'époque, dont les cheveux sont devenus un symbole dans la lutte contre l'oppression des Afro-Américains aux États-Unis : Angela Davis et son afro.