Dominique Pelicot a-t-il fait d'autres victimes ? Si oui, combien ? Au dernier jour du procès dit des viols de Mazan, le 19 décembre 2024, le principal accusé a été condamné à la peine maximale : 20 ans de réclusion criminelle pour "viols aggravés". Reconnu coupable d'avoir violé sous soumission chimique son ancienne épouse Gisèle Pelico et de l'avoir livrée, droguée, à une cinquantaine d'inconnus, l'homme de 72 ans est entendu ce jeudi 30 janvier 2025 par une juge d’instruction du pôle dédié aux crimes sériels à Nanterre (Hauts-de-Seine) pour deux affaires plus anciennes, non-élucidées, et jointes au même dossier du fait de leurs frappantes similitudes.

Un interrogatoire dans le cadre d'une mise examen depuis 2022

Cet "interrogatoire est fixé dans le cadre d’une instruction qui est en cours depuis octobre 2022", indique à l'Agence France-Presse (AFP) Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pelicot.

Elle rappelle que ce dernier a déjà été entendu en octobre 2023. Le septuagénaire est mis en cause dans l'affirme Sophie Narme, jeune agente immobilière violée et étranglée à mort en décembre 1991, alors qu'elle effectuait une visite d'appartement Paris.

Dans ce dossier non résolu, les scellés ont été perdus, emportant toute chance de pouvoir comparer un ADN. Dominique Pelicot nie formellement jusqu'à présent son implication dans ce meurtre pour lequel il a été mis en examen. "Je n’ai aucun rapport avec cette affaire", avait-il affirmé mi-novembre, au cours du procès dit des viols de Mazan, dont il était le principal accusé.

Ça tourne !

Deux affaires au mode opératoire similaire

Il reconnaît en revanche son application dans la seconde affaire, une tentative de viol, après avoir été confondu par son ADN. "C'est une reconnaissance très partielle", nuance son conseil ce jeudi 30 janvier. 

En 1999, Marion - prénom d'emprunt -, aussi agente immobilière, également âgée de 23 ans à l'époque des faits, est victime d’une tentative de viol. Lors d’une visite d’appartement également, à Villeparisis (Seine-et-Marne), un homme se présente.

Il l’aurait ensuite "étranglée", placé "un cutter sous le cou" avant de l’obliger à "s’allonger sur le ventre", pour lui "lier les mains dans le dos" et "plaquer sur la bouche une compresse imbibée d’éther pour l’endormir, retirer ses chaussures et baisser son pantalon", décrivait Le Monde dans son enquête publiée en septembre 2024. La jeune femme était parvenue à s'échapper.

Une goutte de sang a été retrouvée sur la semelle des chaussures de la victime : une trace ADN qui incrimine Dominique Pelicot. Celui-ci a d'abord nié toute implication dans cette affaire lors de son interrogatoire d'octobre 2022. En apprenant pour la preuve ADN, il a reconnu l'avoir rencontré mais nié avoir tenté de la violer. 

"Par rapport à Marion, c’est bien moi, a-t-il avoué lorsqu'il avait été interrogé sur ces deux cold cases pour appréhender sa personnalité, lors du procès historique à Avignon. J’ai retiré son tee-shirt, ses chaussures et son pantalon, [mais] je n’ai rien fait, cela m’a paniqué qu’elle se détache."

D'autres similarités entre ces deux affaires interpellent la justice. Les jeunes agentes immobilières franciliennes ont toutes deux été déshabillées par le bas. Et sur la scène du crime de Sophie Narme avait été sentie une forte odeur d'éther, cette même substance qui a été utilisée par l'agresseur de Marion, huit ans plus tard.

Florence Rault, l'avocate des parties civiles de ces deux affaires, a informé l'AFP qu’elle pourrait s'exprimer, mais seulement à l'issue de cette audition.