"Mon ordinateur, c’est juste une machine à écrire améliorée. Des fichiers à droite de l’écran, d’autres à gauche, très élémentaire.
Faut pas que ce soit trop le bordel, car l’ordi de l’écrivaine est aussi celui de la vie courante et celui de la prof de français que je suis également : il y a un dossier “Collège” avec mes cours dedans, et puis Pronote, le logiciel de l’Éducation nationale, qui nous sert de cahier de textes en ligne, d’emploi du temps et de 8 000 autres fonctionnalités dont je ne me sers pas.
Devant l’écran, je suis absolument concentrée, assise deux heures au moins dans le silence, sans même me lever pour boire un thé, alors un emballement physique, quelque chose qui vient du corps, et ça donne une première version du texte, d’un bloc, dans laquelle ensuite je vais ménager des blancs.
Taper de plus en plus fort
Quand l’écriture s’emballe comme ça, je tape comme une sourde, de plus en plus fort, sur ma machine, si bien que mon compagnon me crie "Mais arrête, tu vas défoncer le clavier !"
Les chats, vous leur donnez un nom précis et invariablement, ça finit en Minouchette ou Nounouche.
Parfois, ma chatte Chemoule, dont mon livre est une sorte d’autobiographie – mêlée à de la fiction, à de l’essai, comme je le fais souvent –, monte sur l’ordi, écrit des choses que j’efface ou pas, mais le plus souvent, elle dort – elle a 22 ans.
Au début, on la prenait pour un mâle, alors on l’appelait Michel Poniatowski, comme l’ancien ministre, puis par déformation, Chemoule – les chats, vous leur donnez un nom précis et invariablement, ça finit en Minouchette ou Nounouche.
Une invasion de chat
Ce livre, il est né de cette invasion de vidéos de chats qui, comme tout le monde, me happent, alors j’imagine une chatte qui en aurait marre qu’on la filme et qu’on la mette sur les réseaux. Il est né aussi de ce texte de Jacques Derrida, L’Animal que donc je suis, qui commence par cette scène inoubliable : Derrida est nu, son chat le regarde, et il raconte alors pourquoi le chat, c’est une personne. Ça donne chez moi un livre à plusieurs lectures possibles : un adulte y saisira de l’ironie, de l’implicite ; un enfant qui ne sait pas lire appréciera les chats dessinés par Stephen Loye.
À ma gauche, quand j’écris, il y a une grande fenêtre qui donne sur un poirier et un jardin très vert – il a beaucoup plu –, mais sur ce paysage des Alpes-de-Haute-Provence, sorte de Corse sans la mer, je ne lève pas les yeux. Quand j’écris, je suis ce paysage. Comme je suis Chemoule. Quand j’écris, je me transforme.
(*) Éd. P.O.L, 15 €.
Article publié dans le magazine Marie Claire n°874, daté juillet 2025
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