Elle n’a pas remis les pieds dans un gymnase depuis l’été dernier et ne semble pas encore décidée à reprendre la compétition. 

Rappelez-vous : alors que Paris avait plongé dans un tourbillon de fête, de sport et de médailles, les images bouleversantes des membres de l’équipe de France de gymnastique en larmes avaient saisi tous les passionnés de sport. Promises à des podiums, elles étaient finalement passées à côté des qualifications, les obligeant à faire leurs adieux aux Jeux. La communication avait été nébuleuse : on avait évoqué une chute de Marine Boyer qui aurait déstabilisé l’équipe, sans trop de détails.

Près d’un an plus tard, Mélanie De Jesus Dos Santos, figure de proue de cette sélection française, décide de livrer sa vérité dans un grand entretien donné au journal l’Équipe ainsi que dans une interview au site Olympics

Crise d’angoisse et dépersonnalisation 

Si elle précise d’entrée qu'aujourd'hui, "ça va bien", la championne de 25 ans ne semble pas remise du “traumatisme” des jeux olympiques. Elle évoque sans détours l’état de stress dans lequel elle avait abordé l’épreuve. “Avant la chute, ça n’allait déjà pas du tout. Dans le bus, je me suis sentie différente. Ce n’était pas du stress. Ma façon de respirer, mes jambes que je ne sentais plus, les doigts qui picotent [...] C’était une crise d’angoisse”, explique la quadruple championne d'Europe.

Avant d’évoquer ses regrets et sa colère : “Après les Jeux, j’ai ressenti pas mal de regrets, de la déception. J’aurais tellement aimé être moi-même”. Car au-delà de l’échec, Mélanie De Jesus Dos Santos condamne “la préparation des Jeux [qui a été] terrible” mais aussi, de l’accompagnement global durant son adolescence. “Je m’étais perdue, j’ai été robotisée, façonnée pour être la meilleure gymnaste, et finalement, je ne me connais pas tant que ça”, confie-t-elle dans l’entretien. 

Des émotions très fortes qui ont créé une rupture entre elle et son sport. "Je détestais vraiment ce sport. Je l'ai détesté parce que j'ai eu l'impression qu'il prenait toute une partie de ma vie, et à la fin, j'ai eu l'impression de ne pas être récompensée", a-t-elle déclaré à Olympics.com lors d'une interview exclusive en début de semaine.

Se réaligner avec ses valeurs et sa personnalité 

Un témoignage très fort qui met en lumière une nouvelle fois la question de la santé mentale des champion.nes. “C’est toujours dur d’en parler”, avoue-t-elle. Pourtant “le traumatisme restera à vie” selon elle. Suivie depuis la fin des Jeux, Mélanie De Jesus Dos Santos semble toutefois avoir pris du recul, avec l’envie profonde de se réaligner avec ses valeurs et sa personnalité, en dehors de la gym. 

En retournant dans sa Martinique natale, elle a pu se ressourcer auprès des siens et vivre en double convalescence mentale et physique (elle s’est fait opérer du poignet, ndlr). Et pour l’heure, son futur n'est pas encore défini. “Je ne pense pas que je suis prête à finir ma carrière, mais je ne suis pas prête non plus à affirmer que je vais être de retour pour une compétition à une date ou une autre. Je sais que je ne vais pas m'arrêter sur ce qui est arrivé aux Jeux, parce que j'ai fait bien trop de sacrifices pour en rester là”, explique-t-elle à Olympics, sans toutefois donner de dates ou d’objectifs. 

“Pour moi, la chose plus importante, ce qui me ferait vraiment revenir à la gymnastique, c'est trouver le bon environnement, les gens avec qui j'arrive à me connecter”, lance-t-elle. En attendant, elle s’investit auprès des jeunes gymnastes, en attendant de voir ce que son instinct lui dicte.