Si le cancer du sein est largement répandu, sa forme bilatérale est, elle, beaucoup plus rare, "de l'ordre de 5 %", comme nous l'indique le Dr Jean-Baptiste Méric, oncologue et directeur médical du centre hospitalier de Bligny (91).
Qu'est-ce qu'un cancer du sein bilatéral ?
Cette variante de la maladie se manifeste par l'apparition simultanée d'une tumeur dans chaque sein, ou l'une à la suite de l'autre, dans un laps de temps court, c'est-à-dire au maximum dans les six mois. Lorsque la deuxième tumeur est diagnostiquée au-delà de cette période, "on parle de cancer du sein controlatéral", précise le spécialiste.
Cancer du sein bilatéral : quels sont les facteurs de risque ?
Le facteur de risque majeur d'un cancer du sein bilatéral est d'ordre génétique : "Qu'il s'agisse d'un cancer diagnostiqué simultanément dans les deux seins ou d'une femme ayant eu un premier cancer puis un deuxième dans l'autre sein, cela doit conduire à la recherche des mutations génétiques de prédisposition", explique le Dr Méric.
Comme le rappelle l'oncologue, il est important de souligner que les cancers du sein ne sont pas seulement "la faute à pas de chance", mais qu'il existe de nombreux autres facteurs de risque sur lesquels on peut agir, comme la consommation d'alcool, le surpoids ou l'obésité, le tabac, et la sédentarité chez les femmes ménopausées. "Il y aurait près de 20 000 cas potentiellement évitables", déplore le spécialiste.
Les symptômes du cancer du sein bilatéral
Le cancer du sein bilatéral est généralement diagnostiqué à un âge précoce, c'est-à-dire avant 50 ans. C'est ce qui est arrivé à Isabelle, en avril 2022. Âgée de 48 ans à l'époque, elle découvre qu'elle est atteinte d'un cancer des deux seins après un passage aux urgences après des vomissements : "J’ai fait une mammographie et une biopsie qui ont révélé un cancer bilatéral du sein avec métastases osseuses et au foie", nous confie-t-elle.
Si, dans certains cas, aucun symptôme ne laisse présager la maladie, le cancer du sein bilatéral se manifeste de la même façon que sa forme unilatérale : une masse dure, des ganglions situés sous les aisselles, des écoulements spontanés au niveau des mamelons et une modification de l'aspect des seins et des mamelons. Des nausées, des maux de tête, une perte d'appétit, un essoufflement et des douleurs osseuses peuvent également accompagner ces symptômes.
Une prise en charge identique
Comme pour la plupart des cancers du sein, plus il est diagnostiqué tôt, plus les chances de survie sont élevées.
Qu'il soit simultané ou pas, le cancer du sein bilatéral est pris en charge de la même façon qu'un cancer unilatéral. "Le traitement des cancers du sein bilatéraux associe un traitement local mais qui doit être réalisé des deux côtés et, au besoin, un traitement général préventif pour éviter le plus possible les récidives", précise le Dr Méric. Ainsi, la chirurgie (l'ablation d'un ou des deux seins), la chimiothérapie, l'hormonothérapie ou encore la radiothérapie font partie des traitements proposés.
Les effets secondaires et les séquelles physique et psychologique sont toujours importantes, comme ce fut le cas pour Isabelle. Après quatre mois de chimiothérapie, cette patiente est désormais sous hormonothérapie et immunothérapie, et vient de commencer des séances de radiothérapie. Un parcours lourd qui n'est pas anodin : "La toxicité de ma première chimio m’a provoquée un engourdissement et une perte de motricité des mains et des pieds, ainsi que des infections au niveau des ongles. La tumeur au sein droit a nécrosé mon mamelon, j'ai donc un sein déformé", confie-t-elle.
Des tumeurs cancéreuses indépendantes l'une de l'autre
Une récente étude, menée par l'Institut Curie en collaboration avec l’Inserm et le German Breast Cancer Groupet, et publiée début mars 2023, pourrait bien faire avancer la question de la prise en charge. En effet, selon les résultats de ces recherches, les deux tumeurs seraient indépendantes l'une de l'autre.
En analysant les dossiers de 404 patientes atteintes d'un cancer du sein bilatéral, les chercheurs ont découvert que la réponse du système immunitaire n'était pas la même si les tumeurs droite et gauche étaient de sous-groupes différents (luminal, triple négatif ou HER2). Dans un communiqué, l'Institut Curie détaille : "les cancers du sein de type luminal (caractérisés par l'expression du récepteur œstrogène) ne répondent habituellement pas au traitement néoadjuvant (avant chirurgie), mais en présence d’une tumeur controlatérale de type triple négatif, la réponse immunitaire et la réponse au traitement sont augmentées".
Ainsi, il conviendrait de considérer les deux tumeurs comme deux entités différentes pour les traitements. "Cette étude fait progresser la recherche, mais elle ne permet pas aujourd'hui de modifier les traitements que reçoivent les patientes. Elle ouvre néanmoins des perspectives intéressantes pour des essais cliniques dans les années à venir. Cette étude montre en effet qu'il existe une réaction différente des tumeurs au traitement. Cela devrait être confirmé, car les résultats ont été obtenus sur de petites séries de patientes", ponctue le Dr Méric.
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