Votre chanson préférée vous laisse un frisson sur les avants bras, après une rupture, votre cœur brisé vous donne l’effet d’un choc dans la poitrine et quand vous devez prendre la parole en public, votre gorge se noue ? Rien de plus normal, car toutes les émotions qui vous traversent trouvent le moyen de s’exprimer physiquement.
En situation d'angoisse, on peut donc souvent avoir l'impression qu'une boule se loge dans notre gorge, créant parfois une sensation d'étouffement et une difficulté à respirer sans hyperventiler. Dans ce cas, c'est le stress qui crée une sensation de blocage. En termes médicaux, ce phénomène se désigne sous le nom de “globus pharyngeus” explicite BBC Science Focus Magazine.
Mais comment l'expliquer et comment se crée-t-il ?
Boule dans la gorge : un mécanisme naturel qui témoigne d’un stress intense
Les sensations corporelles sont des réactions naturelles, que des chercheurs finlandais décrivent dans une étude, parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), le 30 décembre 2013, en répertoriant une carte des émotions.
Selon eux, les manifestations corporelles de l’anxiété sont presque toujours les mêmes : mains moites, mal au ventre ou encore nœud dans la gorge. Ces sensations seraient “perçues par le système limbique du cerveau” et se traduiraient dans le corps “par une dilatation ou une contraction des vaisseaux sanguins de certains organes”.
Pour la psychiatre et autrice de Sortir des ruminations mentales, Marine Colombel, "une situation peut accélérer l'activation du cortisol et de l'adrénaline - hormones du stress - provoquant ainsi la contraction musculaire". En ce qui concerne la gorge, ce sont notamment les muscles du pharynx qui se contractent pour donner cette impression de resserrement.
Pas étonnant donc, que vous ayez l'impression d'avoir du mal à articuler, à parler ou encore à respirer correctement. "D'autres zones du corps sont aussi susceptibles de se contracter, comme les trapèzes ou la mâchoire", indique la spécialiste.
Un "signal d'alarme" qui nous fait réagir
Si l'ensemble de ces symptômes sont désagréables, ils ne sont pourtant que le fruit "d'une réaction physique qui témoigne de l’activation de réponse au stress de l’organisme", explicite Marine Colombel.
En effet, selon elle, il est un "signal d'alarme en temps réel à une situation, envoyé au cerveau pour qu'il l'interprète et qu'il réagisse". En d'autres termes, lorsque l'on ressent de la tristesse, de la colère ou de la peur, "le corps somatise : il réagit avant le cerveau et traite l'émotion en l'exprimant", comme c'est le cas de la boule dans la gorge.
Un symptôme qui s'accompagne souvent "d'une accélération des battements du cœur et de la respiration, mais aussi d'une sensation de tremblements, voire des sueurs", poursuit-elle.
Pas d'inquiétude cependant, car le stress est un message d'alerte neutre, "ni bon ni mauvais, indiquant que l'on doit simplement adapter notre comportement à la situation donnée", s'il n'est pas chronique et/ou généralisé.
Et bien que la sensation de gorge serrée est assez commune, juge-t-elle, "les émotions ne s'expriment pas de la même manière chez tout le monde". Certain.es pourront sentir, à la place, une boule au ventre. Mais quelle qu'elle soit, il faut apprendre à l'écouter afin de "créer son propre alphabet des sensations" pour espérer les contrôler.
Cohérence cardiaque, thérapies et chants : les techniques pour réussir à la maîtriser
Heureusement, il existe plusieurs méthodes pour apprendre à gérer son stress, aussi bien à court qu'à long terme et ainsi limiter les apparitions de ces boules, parfois effrayantes.
Etant donné l'emplacement d'une telle manifestation du stress, la première astuce consiste à (bien) respirer.
Fondée sur une profonde relaxation, la cohérence cardiaque s’appuie sur des exercices de respiration pour mettre en phase le rythme du cœur et celui de la respiration. Cette méthode consiste à réconcilier le système nerveux sympathique, qui réagit en cas d'urgence, et le système parasympathique, chargé d'apaiser le corps, rappelle l'Association Santé respiratoire France.
Autrement, la psychiatre conseille la méditation de pleine conscience, "afin de ressentir le corps, travailler sur la posture et réintégrer ses sensations pour les normaliser et mieux les apprivoiser". Cela permet ainsi de leur donner du sens.
Il est aussi possible de suivre une thérapie par le chant : "il s'agit d'une bonne technique pour domestiquer les émotions", complète-t-elle et d'ajouter que, "celui-ci, comme toute activité de loisir et de plaisir provoque une libération de dopamine et d'endorphines, capables de décontracter le corps".
Enfin, si la source du stress ou de l'anxiété est profonde, une thérapie cognitive et comportementale, pour traiter l'origine du problème et désensibiliser, peut être nécessaire.