À cinq mois et demi de grossesse, Manon Apithy-Brunet continue l’escrime et les entraînements. Avant d'être sacrée championne olympique au Grand Palais cet été, la sabreuse avait déjà le désir de devenir mère. La question s’était même posée après les Jeux de Tokyo, en 2021. “J’avais seulement 25 ans, le Covid était passé par là et surtout, on n'avait que trois ans pour préparer Paris, donc avec mon mari, on se disait qu’on pouvait attendre, raconte la sportive. Mais après Paris, qu’on fasse un résultat ou non, on était prêts quoi qu’il arrive.”
Alors à six mois de l’échéance, l’escrimeuse arrête la pilule tout en prenant des précautions jusqu’au début du mois de juillet. “Une fois les Jeux passés, je voulais tomber enceinte le plus vite possible pour revenir aussi rapidement”, explique-t-elle, avec déjà en ligne de mire Los Angeles 2028. Après une fausse couche, dont elle décide de parler publiquement pour sensibiliser sur le sujet, elle annonce sa grossesse en février. Depuis, “c’est que du bonheur”, confie la championne.
À l’image de l’escrimeuse, plusieurs sportives ont partagé leur baby bump sur les réseaux sociaux, quelques mois seulement après les Jeux olympiques de Paris 2024. “Les JO, c’est le graal, c’est génial d’avoir vécu ces moments-là, encore plus d’avoir rempli un objectif de médaille, observe Johanne Defay. Après ça, il faut parfois un peu de temps loin du sport pour retrouver le désir de s’entraîner à nouveau, donc si tu as envie d’avoir un enfant, c’était pour moi le bon moment.”
"On est obligées de tout calculer"
Médaillée de bronze à Tahiti, où se déroulaient les épreuves de surf des JO, la sportive de 31 ans, qui a continué la compétition jusqu’à quatre mois de grossesse, en mars, attendait le timing propice pour fonder une famille. "Je suis à un moment de ma carrière où j’ai rempli les objectifs sportifs que je voulais et c’est important pour moi d’en trouver de nouveaux qui me procurent du bonheur en dehors du sport. En fonction de ce qu’il se passe, je suis aussi prête à arrêter le surf s’il le faut."
Alexia Chery (ex-Chartereau) avait déjà annoncé à ses proches, quelques mois avant les JO, son désir de "couper avec le basket" et avait rompu son contrat avec le club de l’Asvel pour la saison à venir. "Je joue en club et en équipe de France depuis plusieurs années, j’avais besoin d’une coupure et si nous n’avions jamais vraiment habité ensemble avant avec mon mari à cause de nos déplacements [il est basketteur aussi, ndlr], le projet bébé était dans un coin de notre tête", relate la basketteuse de 26 ans.
Il n’y a pas que l’envie, il y a aussi plein de choses à prendre en compte, en fonction des sports, des revenus, des calendriers ce n’est pas toujours si simple de sauter le pas.
Médaillée d’argent avec les Bleues, Alexia Chery est tombée enceinte seulement quinze jours après avoir foulé le parquet de Bercy en finale. “J’étais même prête à faire les Jeux enceinte, ça ne me faisait pas peur. Dès que j’ai coupé, j’ai relaché la pression et c’est arrivé tout de suite”, se réjouit-t-elle, à désormais sept mois de grossesse.
“Quand on est athlète, on est obligée de tout calculer. On va anticiper quel sera le meilleur timing pour nous et après, on est à la merci de la nature, explique Johanne Defay. Car il n’y a pas que l’envie, il y a aussi plein de choses à prendre en compte, en fonction des sports, des revenus, des calendriers ce n’est pas toujours si simple de sauter le pas."
Des exemples et des progrès pour accompagner les sportives
Comme Manon Apithy-Brunet et Alexia Chery, la surfeuse espère revenir sur le circuit dans les meilleures conditions après sa grossesse. À côté de la musculation, la course à pied ou la natation pour se maintenir en forme, elle s’est aussi assurée du soutien de certains sponsors avant de lancer son projet maternité. "Les premières sportives à devenir maman, comme Allyson Félix, c'était compliqué, elles perdaient leurs sponsors, alors qu’aujourd’hui, on se sent plus soutenues, on n'est pas seule”, observe Johanne Defay.
Les sportives sont de plus en plus nombreuses à sauter le pas et ont permis au monde du sport, encore fermé il y a quelques années à la possibilité pour une femme d’avoir un enfant et de revenir au plus haut niveau, de mieux accompagner les athlètes.
On sert aussi d’exemple, pour montrer à nos clubs et fédérations qu’on est plusieurs et qu’on compte bien revenir.
Quelques mois avant les Jeux olympiques, Manon Apithy-Brunet avait évoqué son projet à la préparatrice physique de l’INSEP Anne-Laure Morigny avec qui elle a convenu d’un programme. “Depuis le début, je me sens vraiment suivie. Je devais arrêter l’escrime à cinq mois, mais elle venait voir des séances et elle m’a dit de continuer, que j’arrêterai quand j’en aurai marre, quand je serai trop ronde”, s’amuse-t-elle.
Pendant sa grossesse, Manon Apithy-Brunet "questionne Clarisse [Agbegnenou], Cécilia [Berder] ou Auriane [Mallo-Breton]. Elles me disent toutes que le plus dur ce n’est pas de revenir, mais d’aller chercher un corps performant tout en étant différent de celui d’avant. Toutes sont devenues plus performantes après, donc ça m’a fait relativiser.”
Face au baby boom post-olympique, le comité national olympique français a d’ailleurs créé une conversation réunissant une dizaine de sportives olympiques françaises qui vivent actuellement une grossesse. “C’est cool, on peut en parler entre nous, voir comment chacune le vit, apprécie Alexia Chery. On sert aussi d’exemple, pour montrer à nos clubs et fédérations qu’on est plusieurs et qu’on compte bien revenir.”
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