À la suite du féminicide de Marie Trintignant en 2003, Bertrand Cantat avait été condamné à huit ans de réclusion criminelle. Le chanteur du groupe Noir Désir a finalement passé cinq ans en prison avant de se voir accorder une libération conditionnelle pour bonne conduite en 2007. Une décision prise par Philippe Laflaquière, juge d’application des peines à l’époque. Alors que la mini série-documentaire Netflix "De rockstar à tueur : le cas Cantat" interpelle des millions de spectateurs, ce samedi 12 avril 2025, l'homme était invité sur le plateau de C l’hebdo sur France 5 et est revenu sur cette décision.

Des erreurs ont été commises

Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à accepter la demande de libération conditionnelle de Bertrand Cantat, l’ancien juge évoque les "efforts d’insertion" du chanteur. Il se souvient aussi des rapports rédigés par les personnels du centre de détention, qui brossaient le portrait d’une "personnalité très calme, très pacifique, bien perçue par les autres détenus. Il était serviable, il donnait des cours de guitare".

La voix tremblante, il reconnaît néanmoins : "Avec du recul, je me dis que je me suis trompé, que l'on s'est trompé". Selon lui, des "erreurs" auraient été commises concernant la "perception psychologique" de l’artiste, mais aussi sur "l’emprise" qu’il avait sur sa compagne, Krisztina Rady. "L'experte psychiatre a dépeint Bertrand Cantat comme immature affectivement, présentant une fragilité narcissique, une dépendance affective, mais sans trouble psychopathique", a-t-il rappelé sur le plateau de C l’hebdo.

Ça tourne !

Aucune poursuite pour le suicide de Krisztina Rady

Krisztina Rady s’est suicidée en 2010, soit trois ans après le retour de Bertrand Cantat au domicile familial. Philippe Laflaquière admet avoir "été bouleversé" à l’annonce de cette terrible nouvelle. "Il y a eu tout de suite des interrogations assez douloureuses pour se dire qu’effectivement, il y avait eu auparavant des violences", poursuit-il. Et ajoute : "Si elle avait déposé une plainte, il aurait été presque certain que la libération conditionnelle aurait été révoquée".

Alors qu'il n'y a pas eu d'enquête après la mort de Krisztina Rady, les journalistes de C l’hebdo sont allés à la rencontre de Jean-Claude Paillet, ancien commandant de la police judiciaire de Bordeaux, qui explique qu’"il ne faut pas perdre de vue que, quand elle (Krisztina Rady, ndlr) désigne les responsables de son suicide, elle désigne un certain nombre de gens. Bertrand Cantat en fait partie, mais les autres sont nommément cités pour avoir compliqué terriblement la vie de cette femme, ce qui oblige à une certaine prudence dans les poursuites qui auraient pu éventuellement être engagées contre Bertrand Cantat."