Après avoir été chanteuse puis journaliste pour plusieurs émissions de télé pendant 12 ans, Ambre Dupont est aujourd'hui coiffeuse. Mais, comme si elle ne pouvait s’en détacher, la télé revient à elle.

Un appel, une proposition, un projet validé plus tard, et la voici partie sillonner les quatre coins du monde (Brésil, Inde, Kenya, Corée du Sud) avec sa mallette de coiffure. Son objectif : découvrir ce que révèlent les cheveux à travers différentes cultures.

Une aventure riche en émotions, à découvrir dans le documentaire "Ambre coiffure : le salon voyageur", diffusé sur France les 15 et 22 août 2023. Rencontre.

Marie Claire : après 12 ans en tant que journaliste, vous décidez de faire une croix sur le métier pour devenir coiffeuse. Pourquoi avoir accepté ce nouveau projet alors que vous pensiez arrêter la télé ?

Ambre Dupont : Comment refuser quelque chose qui allie tout ce que j’aime ? Faire du bien aux gens, être bienveillante, voyager, apprendre de nouvelles choses… "Ambre coiffure" regroupe tout.

Je suis très fière de montrer à travers ce documentaire que l’on va bien au-delà de l’aspect superficiel du cheveu et de la coiffure. Peu importe le pays, peu importe la culutre. Cheveux rasés, bouclés, crépus, lisses… Chaque manière de porter ses cheveux est une façon d’exprimer une part de soi. J’avais envie de montrer tout cela.

Vous avez été au Brésil, au Kenya, en Inde puis en Corée du Sud. Des pays avec des cultures complètement différentes. Qu’avez-vous appris sur les cheveux dans chaque pays visité ?

On a toujours découvert quelque chose d’intéressant dans chaque pays. Au-delà d’une tendance, c'est peut être un spectre culturel qui se dessine à chaque fois. Le cheveu touche à l’intime et dit beaucoup de choses sur la culture d’un pays.

Au Kenya par exemple, les femmes se rasent les cheveux, ce qui nous a emmené sur le terrain de la perruque. Dans les tribus, on a découvert une vision plus pragmatique de la coiffure : les femmes travaillent toute la journée et ne se préoccupent pas de leur coiffure.

On s’est aussi rendu compte que dans certains pays, les cheveux sont un marqueur social et qu'il y a une véritable échelle dans la société. 

En Inde, par exemple, les femmes donnent leurs cheveux qui sont ensuite revendus. En Corée, on a encore découvert autre chose : la tendance est de faire une permanente après 60 ans ! On pensait aller trouver de l’excentricité et finalement, nous nous sommes retrouvés face à un mur de standardisation et de normalisation. Mais à l’intérieur de cela, on a aussi rencontré des personnes qui veulent se démarquer. Et cela passe par la coiffure. 

On vous voit à l’écran toujours accompagnée de votre fidèle malette de coiffure jaune. Quel est son rôle dans l’émission ? 

Elle intrigue et attire les gens. C’est un binôme qui marche bien, on est blondes toutes les deux (rires). 

Plus sérieusement, le fait de pouvoir coiffer les gens n'importe où a été un véritable vecteur de rencontres. Quand on passait en mode coiffure, les langues se déliaient. On s’est déjà tous retrouvés une fois dans notre vie à cette place-là, face au miroir, où le coiffeur nous touche les cheveux et nous sommes face à notre propre reflet. Même si cela semble superficiel, quand on se sent bien avec nos cheveux et qu’ils reflètent qui on est, il y a un sentiment de pouvoir qui émane.

Avez-vous le sentiment d’avoir plus appris sur les cheveux à l’étranger qu’en France ?

Oui ! En France, on n’apprend pas à coiffer le cheveu bouclé, frisé ou crépu, par exemple.

Donc, apprendre à coiffer ce type de cheveux au Brésil a été un privilège. J’ai aussi appris que les cheveux asiatiques poussent d’une manière différente et que le cheveu est tellement dru et droit que ce n’est pas la même manière de couper. Tout cela, ce n'est pas en France que je l'aurais appris.

Quels sont les moments les plus marquants de ce tournage ?

Je ne voulais pas savoir comment le tournage allait se dérouler. J’aime être dans l’instant présent et découvrir sur le moment, donc, des rencontres marquantes et imprévues, il y en a eu beaucoup !

Je me souviens d’une femme en particulier, Jane, qui était venue récupérer des cheveux dans une décharge au Kenya pour en faire des perruques. C'était un moment très émouvant. En Inde, je ne m’attendais pas à assister à une cérémonie funéraire qui passe par le biais des cheveux. En Corée, je ne m’attendais pas non plus à décolorer les cheveux d’une punk sur la terrasse d’un bar speakeasy

Vous parlez de vos rencontres avec des femmes. Mais, dans le documentaire vous croisez également des hommes. Pour eux aussi, la coiffure est un élément important de leur vie. Est-ce un parti pris volontaire de montrer que la coiffure ne concerne pas seulement les femmes ?

Nous avons entendu beaucoup de femmes parler de leur situation de femmes à travers le monde, mais nous avons aussi été chercher des personnages masculins pour trouver un équilibre. Ce n’est pas parce que l’on parle de cheveux, que l’on va voir uniquement des femmes à l’écran. Au contraire, nous sommes tous.tes concerné.es par la coiffure.

Les hommes suivent eux aussi des tendances capillaires et prennent soin de leurs cheveux, comme on peut le voir dans l'épisode tourné au Brésil.

Quel est l'endroit le plus insolite où vous avez coiffé quelqu’un durant cette aventure ?

Dans un village Maasaï, nous avions rendez-vous avec des jeunes guerriers. Les heures ont défilé et ils ne sont jamais venus. J’ai alors proposé à Frédéric Martin (le réalisateur du documentaire, ndlr) de le coiffer. C’était un moment magique : nous étions dans les montagnes, face à la Tanzanie, en sachant qu’au lever du soleil nous allions avoir vue sur le Kilimandjaro.

Les premiers épisodes sortent durant l’été, un moment où l’on pense déjà à sa coiffure de la rentrée. Une idée des prochaines tendances ?

La seule tendance que je conseille, c’est d’être soi-même, de comprendre qui l'on est et de s’accepter. C’est ce qui va faire évoluer les choses dans le bons sens et permettre que les différences soient mieux acceptées par la société.