Déjà tenu responsable dans l'apparition de maladies auto-immunes ou inflammatoires, le microbiote intestinal pourrait aussi jouer un rôle dans le développement d’allergies. C’est en tout cas ce que suggèrent des chercheurs canadiens, au travers d’une étude parue le 29 août 2023 dans la revue Nature Communications.
Ces derniers expliquent comment des taux anormaux de certaines bactéries intestinales pourraient influer sur le risque de déclencher une allergie alimentaire, au pollen, de l'asthme ou un eczéma.
Une signature bactérienne chez les enfants allergiques
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheur.euses ont suivi près de 1 115 enfants de leur naissance jusqu'à l’âge de cinq ans. 523 d’entre eux n’ont présenté aucun signe allergique sur cette période, tandis que les 592 restants ont reçu un diagnostic d’un ou plusieurs troubles allergiques.
Les scientifiques se sont focalisés sur les plus courants chez l’enfant, à savoir l'eczéma, l'asthme, les allergies alimentaires ou le rhume des foins. "Il s'agit de diagnostics techniquement différents, chacun avec sa propre liste de symptômes, de sorte que la plupart des chercheurs ont tendance à les étudier individuellement (...) Mais quand on regarde ce qui ne va pas au niveau cellulaire, ils ont en fait beaucoup en commun", explique le Dr Charisse Petersen, co-auteure principale de l'article, dans un communiqué.
Après analyse des selles de chaque enfant, les chercheur.euses ont identifié une "signature bactérienne" commune aux sujets ayant développé l’une de ces allergies. Révélatrice d’un microbiote intestinal déséquilibré, c’est ce qui aurait pu entraîner "une atteinte de la muqueuse intestinale et une réponse inflammatoire élevée dans l’intestin", écrivent les auteur.ices.
L’allaitement, un rempart contre les allergies ?
Mais ce n’est pas tout. D’après les scientifiques, la recherche a aussi permis d’observer que l’utilisation d’antibiotiques lors de la première année de vie pouvait augmenter le risque de développer des troubles allergiques. À l’inverse, l’allaitement lors des six premiers mois semblait avoir un pouvoir protecteur.
L’enjeu pour les scientifiques est désormais de développer un traitement capable de modifier le déséquilibre du microbiote afin de prévenir le développement d’allergies.