Un #MeToo majeur de l’industrie musicale. À la suite des premières révélations de son ancienne compagne Cassie, en 2023, le rappeur et producteur P. Diddy - Sean Combs de son vrai nom - se retrouve au cœur d’un scandale.

En novembre 2024, la chanteuse porte plainte contre l’homme qu’elle accuse d’avoir eu un "comportement violent" et "déviant" durant 10 ans. Une prise de parole qui a contribué à briser le silence autour de P. Diddy et des "freak offs" – soirées sexuelles s’apparentant à des orgies – qu’il organisait.

Au total, 120 plaintes ont été déposées à son encontre, et une enquête menée par le FBI (bureau fédéral d’investigation) a été ouverte. Ce lundi 5 mai 2025, s’ouvre à New York le procès de Sean Combs, présumé innocent. Voici tout ce qu'il faut savoir.

De multiples chefs d’accusation

Incarcéré depuis le 16 septembre 2024, le producteur est inculpé pour cinq chefs d’accusation : trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, enlèvement, corruption et violences, le tout regroupé sous l’inculpation d’"entreprise criminelle", révèle l’Agence France-Presse (AFP), notamment relayé par France Info.

Les procureurs fédéraux qui ont mené l’enquête accusent P. Diddy d’avoir utilisé son influence et son empire musical afin de mettre en place un système d’exploitation sexuelle durant plus de vingt ans, entre 2004 et 2024. Le producteur est également accusé d’intimidation de témoins et de corruption de victimes, selon l’acte d’accusation partagé par NBC News.

Ça tourne !

Selon les propos du procureur fédéral Demian Williams, relayés par l’AFP, Sean Combs serait à la tête d’un système fondé sur la "violence", dont le but serait de contraindre les femmes à avoir de "longues relations sexuelles avec des travailleurs du sexe".

Ces dernières étaient d’ailleurs filmées par le rappeur. Lors de perquisitions menées par le FBI en mars 2024 dans les villas de Los Angeles (Californie) et Miami (Floride) de l’artiste, de nombreux disques durs, téléphones et ordinateurs auraient été saisis, mais leur contenu n'a pas été révélé.

Pour arriver à ses fins, l’homme avait recours à la soumission chimique, en donnant de l’ecstasy, du GHB ou de la kétamine à ses victimes. "Lorsque Combs n’obtenait pas ce qu’il voulait, il était violent […] donnant des coups de pied et traînant ses victimes, parfois par les cheveux", a précisé le procureur fédéral. 

Un procès d’envergure, la perpétuité encourue

Actuellement détenu au Metropolitan Detention Center de Brooklyn, le procès de P. Diddy, qui se tiendra au tribunal Daniel Patrick Moynihan de Manhattan, devrait durer dix semaines, selon l’AFP, relayé par France Info.

Il sera mené par le juge Arun Subramanian, qui précise auprès du Parisien que "ce procès n’est pas une dissertation sur les mœurs", mais qu’il s’agit bien de "faits" qui seront jugés.

Parmi les personnes amenées à témoigner, la chaîne NBC News précise qu’il y aura au moins quatre plaignantes, dont trois souhaiteraient rester anonymes. Bien qu’ils n’aient pas encore été confirmés, les témoignages de Cassie, l’ancienne compagne de Sean Combs, et de Kristina Khorram, ancienne collaboratrice du producteur, qui avait révélé que "tout était documenté, tout était filmé", seront les plus attendus. 

Concernant les accusations de trafic sexuel, Sean Combs encourt la prison à perpétuité. Présumé innocent, le rappeur rejette l’entièreté des chefs d’accusation.

En septembre 2024, à la suite de son arrestation, son avocat Marc Agnifilo a déclaré, selon NBC News, que P. Diddy faisait l’objet "d’une poursuite injuste" et qu’il s’agissait d’accusations "racistes" visant un "homme noir puissant".