Dans l'enquête sur la disparition de sa fille, victime de Michel Fourniret, "tout a été mal fait", estime Éric Mouzin, auprès de franceinfo. La chaîne révèle que le père d'Estelle Mouzin a assigné mercredi 11 juin 2025 l'État français pour faute lourde et déni de justice dans cette enquête. L'information a été confirmée par une source judiciaire à l'Agence France-Presse (AFP).
Une audience s'est tenue ce jour-là devant la première chambre civil du tribunal judiciaire de Paris.
"Tous les témoignages" reçus par le père d'Estelle Mouzin n'auraient pas été traités
Franceinfo a pu consulter la requête de Didier Seban et Marine Allali, avocats de l'homme qui se bat depuis 2003 pour retrouver la trace de sa fille. Dans ce document, ils regrettent que "toutes les informations" dont disposait leur client", ou "tous les témoignages qu’il recevait", n'étaient pas traités par la justice.
Les deux conseils relèvent aussi que dix juges d'instruction se sont succédé depuis le début de l'enquête, alors qu'un magistrat "met des mois, voire plus d’une année, pour prendre connaissance de l’importante procédure".
Il aura fallu attendre mars 2020 et la juge Sabine Khéris, la septième depuis le début de l'affaire, pour que celle-ci sorte de l'impasse. Cette magistrate était parvenue à faire reconnaître au violeur et tueur en série Michel Fourniret le meurtre de la fillette âgée de 9 ans lors de sa disparition le 9 janvier 2003, à Guermantes, en Seine-Maritime, alors qu'elle rentrait de l'école.
L'homme qui était déjà condamné à la perpétuité incompressible pour les meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, meurt en prison en 2021, laissant la famille de sa plus jeune victime sans réponse. Il n'a jamais été jugé pour le meurtre d'Estelle Mouzin, dont le corps n'a pas été retrouvé. Les dernières fouilles dans les Ardennes - 10 depuis juin 2020 - on été infructueuses.
Éric Mouzin regrette une "mauvaise gestion" du dossier et un manque de moyens
Éric Mouzin est "convaincu que tout n'a pas été fait pour retrouver Estelle", comme il le déclarait en janvier 2018, lors de l'annonce de sa requête contre l'État, avant de dénonçait une "mauvaise gestion" du dossier de la disparition de sa fille, "devenu inexploitable faute de synthèse" des 85 tomes de procédures, soit, plusieurs dizaines de milliers de pages.
"Il n'y a pas d'obligation de résultats mais il y a une obligation de moyens", appuyait-il.
Au printemps 2021, Monique Olivier, ex-épouse de l'"ogre des Ardennes", a reconnu avoir joué un rôle dans la séquestration d'Estelle Mouzin, disparue le 9 janvier 2003 à l'âge de 9 ans, et a avoué avoir transporté son corps.
En décembre 2023, elle est reconnue coupable de complicité dans trois enlèvements et meurtres commis par son ex-mari Michel Fourniret dont celui d'Estelle Mouzin, et condamnée par la cour d'assises des Hauts-de-Seine à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 20 ans.
"Quand je vois Estelle Mouzin pour la première fois, je suis choquée, même en colère de voir cette petite fille. J'étais révoltée et fâchée, j'ai même pas osé lui parler tout de suite", déclarait Monique Olivier lors de son procès, avant de revenir sur le moment où elle s'est retrouvée seule avec elle. "Elle m'a dit qu'elle voulait voir sa maman, je lui ai dit qu'elle allait bientôt la voir. Je l'ai amenée aux toilettes, je lui ai donné à boire, puis je l'ai ramenée dans la chambre et j'ai refermé la porte car ça me faisait de la peine. J'aurais dû l'amener loin d'ici, je sais."
Interrogée par le président de la cour sur son choix de ne pas sauver Estelle Mouzin, Monique Olivier répondait : " Je ne sais pas, je ne sais pas". Ajoutant savoir qu'elle savait "que la fillette allait mourir".
Ce procès n'avait "pas été à la hauteur des espoirs" des familles, selon leur avocat Didier Seban, mais avait apporté "une forme de soulagement" au père Estelle Mouzin, selon les mots de ce dernier.