Un nouveau chapitre inattendu dans l'affaire non-élucidée dite du petite Gregory, qui n'a jamais cessé de fasciner les Français.
Dans un communiqué relevé par Vosges Matin, Philippe Astruc, procureur général de la cour d'appel de Dijon (La Côte-d'Or) indique que la chambre de l'instruction de cette ville a demandé à son président, ce mercredi 18 juin 2025, de "procéder à l'interrogatoire" de Jacqueline Jacob, grande tante de Gregory, ce garçon alors âgé de 4 ans lorsqu'il fut retrouvé mort, noyé, pieds et poings liés, dans la Vologne, rivière qui serpente les Vosges, le 16 octobre 1984, et "d'envisager sa mise en examen sous la qualification d'association de malfaiteurs criminelle". Le magistrat précise que cette nouvelle audition "ne devrait pas intervenir avant quelques mois".
Pas la première fois que la justice s'intéresse Jacqueline Jacob
Après avoir été désignée par une expertise en graphologie comme l'autrice d'une lettre anonyme menaçante adressée un an avant la mort de Grégory aux parents du garçonnet, cette tante par alliance de Jean-Marie Villemin, père de la victime, avait été mise en examen avec son époux, Marcel Jacob, le 14 juin 2017, pour "enlèvement et séquestration suivie de mort". À cette époque, Jacqueline Jacob avait gardé le silence. Son mari, lui, affirmait ne se souvenir de rien.
Les poursuites qui visaient le couple avaient finalement été annulées le 16 mai 2018 pour vice de forme. Depuis, de nouvelles expertises ont été réalisées à la demande de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon - en charge du dossier depuis sa réouverture en 2008 - et celle-ci a, au début de l'année 2025, listé les "éléments qui concernent Jacqueline Jacob", détaille le procureur général. Des éléments qui "ne suffisaient pas" à poursuivre pénalement la femme aujourd'hui âgée de 80 ans selon le parquet général, finalement contredit par cette nouvelle décision de la chambre d'instruction.
Cette convocation est une "non-information", estime l'avocat des époux Jacob, car le parquet général "dit qu’il n’y a pas de charge, que ça ne vaut rien, (…) qu’il n’y a rien de neuf". Me Stéphane Giuranna se dit alors "serein" pour sa cliente.
La réaction des parents de Grégory à cette nouvelle décision
Jean-Marie et Christine Villemin, les parents de Grégory qui se sont battus pour la réouverture du dossier, ont de leur côté "appris la décision de la cour d’appel ce mercredi avec une très forte émotion et une grande reconnaissance envers la justice", d'après leur avocat contacté par l'Agence France-Presse (AFP).
Me François Saint-Pierre affirme qu'"ils participeront bien sûr à toutes les audiences et l’éventuel procès en cours d’assises pour que toute la vérité soit dite sur l’assassinat de leur enfant il y a plus de quarante ans".
"C’est une grande avancée. (...) Jean-Marie et Christine Villemin attendent toujours la même chose depuis le départ : un procès qui va permettre la manifestation de la vérité." Me Marie-Christine Chatant-Morand, avocate des parents de Grégory
"C’est une grande avancée. À écouter tout le monde depuis des années, c’était un peu : 'Circulez, il n’y a rien à voir !' Eh bien, non. La décision montre que les choses avancent toujours", a aussi réagi Me Marie-Christine Chatant-Morand, autre conseil des Villemin, qui "attendent toujours la même chose depuis le départ : un procès qui va permettre la manifestation de la vérité."
"Ils ne veulent que ça, poursuit l'avocate citée par l'AFP. Ils veulent savoir ce qui est arrivé à Grégory, quels ont été les derniers moments de la vie de leur petit garçon. (...) Il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives. Mais ça va permettre de voir les personnes s'expliquer là-dessus."
Quand les époux Jacob se défendaient à la télévision
Depuis la découverte du corps sans vie de Grégory Villemin, les Jacob nient toute implication et affirment qu'ils travaillaient à l'usine le 16 octobre 1984. Ce jour-là, une nouvelle lettre anonyme avait été adressée à Jean-Marie Villemin.
En janvier 2021, l'oncle et la tante de ce dernier répétaient n'avoir "rien à [se] reprocher", lors d'un entretien accordé à BFMTV, leur tout premier auprès d'un média depuis le début d'affaire. "Je n'ai jamais écrit un courrier", affirmait aussi face caméra Jacqueline Jacob. Les interviewés assuraient encore ne pas avoir "d'idée" sur l'identité du corbeau qui a ainsi harcelé la famille de Grégory durant plusieurs années. "Nous faire accuser, c'est la pire chose. (...) Ils se sont trompés de A à Z, sur toute la ligne", martelaient-ils.
En mars 1985, Jean-Marie Villemin assassinait son cousin Bernard Laroche, principal suspect de l'affaire à cette époque, car accusé par sa belle-sœur, Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans. Celle-ci reviendra sur ses déclarations et l'homme sera relâché, avant d'être tué par le père de Grégory, convaincu de sa culpabilité.
L'année du meurtre, Jacqueline Jacob et son époux avaient Bernard Laroche pour voisin.