Nouveau témoignage. Alors que l’affaire Bétharram bouleverse, par son ampleur – 132 plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols à ce jour –, l'opinion publique, Mediapart a publié ce jeudi 20 février 2025 une vidéo dans laquelle une ancienne professeure de mathématique de l’établissement Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantique), pointe l’inaction de François Bayrou et de son épouse.
L'enseignante pointe l'inaction d'Élisabeth Bayrou, aussi professeure à Bétharram
Françoise Gullung enseignait dans l'école de 1994 à 1996, à l'époque où la première plainte a été déposée. Libération indique que cette femme avait déjà déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), au début du mois de février 2025, avoir "dénoncé une atmosphère d’agressivité et de tensions anormales" dans les années 90.
Auprès de Mediapart, elle revient sur un échange qu’elle aurait eu avec l’épouse de François Bayrou, dont les enfants étaient scolarisés dans l’établissement. "Il y avait une salle de classe dans laquelle on entendait un adulte hurler sur un enfant, on entendait les coups et on entendait l’enfant qui suppliait qu’on arrête, se souvient-elle dans les colonnes du site indépendant. Je me retourne vers Élisabeth Bayrou et je lui demande ce qu’on peut faire. Pour moi, ça veut dire qu’à deux, on peut peut-être ouvrir la porte. Mais elle n’a pas compris ça. Elle m’a simplement répondu, je ne me souviens pas des termes exacts, mais que ces enfants, il n’y avait rien à en tirer", témoigne l’ancienne enseignante de mathématiques.
Pour rappel, à ce moment-là, Élisabeth Bayrou était elle-même enseignante de catéchisme à Notre-Dame de Bétharram. Aux journalistes de Mediapart, Françoise Gullung raconte avoir eu l’impression que les enfants de l’établissement scolaire "étaient d’une espèce inférieure aux siens (ceux du couple Bayrou, ndlr), que c’était normal qu’on les batte".
"On dramatise" : François Bayrou aurait bien été mis au courant
Elle confie également avoir fait part en 1995 à François Bayrou, l’actuel Premier ministre, alors président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques (1992-2001) et ministre de l'Éducation nationale (1993-1997) des faits qu’elle avait observé. "Je lui dis qu’il faut faire quelque chose car c’est très grave ce qui se passe à Bétharram. Je l’entends répondre : 'Oui, on dramatise.' Je lui ai dit : 'Non, on ne dramatise pas, c’est vraiment grave.' Et puis je suis partie. […] S’il avait agi, il y a trente ans de souffrance qui n’auraient pas eu lieu."
Ce témoignage vient contredire les déclarations du chef du gouvernement, qui a assuré devant l’Assemblée nationale, le 18 février 2025, n’avoir "jamais été informé de violences, et a fortiori de violences sexuelles" dans l’institution Notre-Dame-de-Bétharram.