Une affaire de violences sexuelles qui secoue la sphère publique et le gouvernement. Depuis début février 2025 et la publication des enquêtes de Mediapart évoquant les "mensonges" de François Bayrou, le Premier ministre, quant à sa connaissance des agissements des prêtres et surveillants de Notre-Dame-de-Bétharram, établissement catholique de la région de Pau (où ont été scolarisés ses enfants), l’instruction de l’affaire Bétharram avance.
Ce mercredi 19 février 2025, trois hommes de 60, 70 et 84 ans ont été placés en garde à vue pour des "viols, agressions sexuelles aggravées et/ou violences", informe Le Monde, qui relaie les informations de l’Agence France-Presse (AFP). Le 20 février, la garde à vue de deux d'entre eux ont été prolongées, avance l'AFP.
Des faits ayant eu lieu entre 1957 et 2004
Les faits se seraient déroulés "entre 1957 et 2004" au sein de l’établissement scolaire catholique Notre-Dame-de-Bétharram, explique Rodolphe Jarry, procureur de la République de Pau, dans un communiqué rapporté par Le Monde.
Le ministère public précise que ces gardes à vue sont "d’une durée légale de vingt-quatre heures" et "pourront être, sur autorisation du parquet de Pau, renouvelées pour une durée supplémentaire de vingt-quatre heures".
Si ces arrestations interviennent seulement quatre jours après une réunion entre le collectif des victimes et le Premier ministre François Bayrou, le procureur assure que "le calendrier de ces interpellations a été arrêté dès le 31 janvier 2025".
132 plaintes recensées
Des premières accusations de violences sexuelles ont été rapportées en 1996, l’une pour des faits de violence physique sur un élève et l’autre pour viol. Concernant cette dernière condamnation, le directeur de l’établissement, mis en cause en 1998, a finalement été remis en liberté après avoir fait appel. Une remise en liberté très "étonnante" pour Christian Mirande, le juge d’instruction en charge du dossier, qui expliquait à TF1 le 15 février dernier que : "dans des affaires similaires, les demandes de mise en liberté étaient systématiquement refusées".
Il a fallu attendre 2023 et la création d’un groupe Facebook par Alain Esquerre, un ancien élève, pour "recenser tous les anciens élèves qui ont subi de près ou de loin les sévices de l’institution" et pour que l'affaire devienne publique.
Tout au long de l’année 2024, les plaintes se sont accumulées et ont mené à l’ouverture d’une enquête, en février, par le parquet de Pau, rapporte France Bleu.
Selon Le Monde, 132 plaintes ont été déposées à la date du 19 février 2025. Les noms de deux laïcs encore en vie et un prêtre décédé sont les plus cités.
La défense du Premier ministre François Bayrou
Ces derniers jours, l’affaire Bétharram prend une tournure politique, à la suite d’une enquête publiée par Mediapart, révélant que François Bayrou, actuel Premier ministre, ancien Président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques (1992-2001), ainsi qu'ancien ministre de l'Éducation nationale (1993-1997), aurait été mis au courant des faits dès les années 1990.
Accusé d’avoir passé cette affaire sous silence, l’homme politique a assuré devant l’Assemblée nationale, le 18 février, n’avoir "jamais été informé de violences, et à fortiori de violences sexuelles" dans l’institution Notre-Dame-de-Bétharram, rapporte TF1.
Le 19 février, Mediapart a partagé une nouvelle enquête mentionnant une alerte pour violence physique faite auprès de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, en 1993, alors que Françoise Bayrou était en poste.