En 2019, l'actrice Adèle Haenel participait à lancer le #MeToo du cinéma français avec sa prise de parole forte. Dans une longue enquête de Mediapart, l'actrice de Portrait de la jeune fille en feu, accusait le réalisateur Christophe Ruggia de l'avoir agressée sexuellement entre 2001 et 2004, alors qu'elle avait 12 à 15 ans. Lui contestait les faits.

Le 9 et 10 décembre dernier, la comédienne a fait face au cinéaste, jugé au tribunal correctionnel de Paris pour agressions sexuelles aggravées. 

Quatre ans de prison dont deux ans ferme, sous bracelet électronique

Ce lundi 3 février 2025, le parquet a rendu son verdict, à 13h30. Christophe Ruggia a été reconnu coupable d'agressions sexuelles, condamné à quatre ans de prison, dont deux ferme, aménagés sous bracelet électronique, rapporte l'AFP, repris par Le Monde

À cela s'ajoute une indemnisation destinée à Adèle Haenel : 15 000 euros pour son préjudice moral et 20 000 euros pour ses années de suivi psychologique.

En décembre, le parquet avait requis cinq ans de prison, dont trois ans avec sursis probatoire, assortis d'une exécution provisoire. Selon Franceinfo, Mr Fanny Collin, l'avocate de Christophe Ruggia, a annoncé que son client compte faire appel de sa condamnation. 

Adèle Haenel est sortie du tribunal sous les applaudissements. "Merci à tous et toutes d'être venus, de faire avancer les droits humains. Votre présence, faire qu'on laisse pas tomber. Merci beaucoup. On est ensemble", a-t-elle lancé à la foule présente, rapporte Brut.

Ça tourne !

Des faits ayant eu lieu au moment du tournage du film Les Diables

Face à Christophe Ruggia, en décembre dernier, Adèle Haenel était apparue déterminée. "Il fallait lancer un #MeToo en France, et c'est tombé sur moi", se défendait l'homme de 60 ans. Pour sa défense, il a assuré, à la barre, que comédienne avait "une sensualité débordante" quand elle avait 12 ans. Concernant sa prise de parole survenue en 2019, il a estimé qu'Adèle Haenel s'était "radicalisée" ces dernières années, rapportait Marie Claire, présent sur place.

Entendue à son tour, Adèle Haenel a détaillé le déroulé des samedis après-midis où elle se rendait chez lui, en marge du tournage de son premier film, Les Diables (2002), et encore après. Questionnée sur la raison pour laquelle elle y retournait chaque semaine, elle répondait : " "Il normalisait la situation, je me sentais obligée d’y aller. Sans lui, j’allais retomber dans une forme de néant. Je lui devais, je me sentais redevable".

Après avoir avoué avoir longtemps "pensé que la justice ne s’intéresserait jamais à [son] histoire", elle a fini par montrer son agacement face à Christophe Ruggia, qui a nié les faits, jusqu'à la fin, lançant un "ferme ta gueule" au réalisateur qui n'a plus tourné de film depuis Dans la tourmente (2011).