"Comment avoir le style de la Parisienne ?". Beaucoup se posent la question qui redirige vers pas moins de 5 260 000 liens sur le moteur de recherches Google. Chaque article de blog ou de presse consacré à ce sujet est illustré par un seul et même type d'iconographies montrant des femmes filiformes et blanches. Leur uniforme de prédilection ? Une marinière jouxtée à un pantalon en jean, bootcut de préférence, et à un caban en laine. Mais qui est vraiment cette Parisienne imaginaire qui catalyse les fantasmes ?

De facto, elle est l'anti-thèse de la femme Jacquemus, plutôt provinciale. Dans son essai Je ne suis pas Parisienne paru en 2019, la journaliste Alice Pfeiffer décelait dans ce mythe peu inclusif "l'absence de multiplicité dans la représentation nationale". En plus d'invisibiliser les Francilien-ne-s qui ne correspondent pas à ces caractéristiques, ce stéréotype participe à l'image toute aussi idéalisée du style de la Parisienne.

Il existe heureusement des labels qui rebattent les cartes avec leurs directions artistiques bien plus originales.

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Chez Nous.

Chez Nous

"En tant que femme d'origine nord-africaine dite "de la seconde génération", je n'ai jamais vraiment pu m'identifier aux personnes mises en lumière par l'industrie de la mode". Cette confession est celle de Camélia Barbachi, entrepreneuse à la tête de la jeune marque de mode parisiano-tunisienne Chez Nous. Un nom assertif pour un label bien décidé à changer la donne.

Les références aux habits traditionnels tunisiens et aux paysages de la "petite perle du Maghreb" façonnent robes, jupes, accessoires et chemises. Les classiques ensembles en denim, d'usage dans l'inventaire de la Parisienne, empruntent également à cet héritage célébré avec tendresse et fierté.

www.cheznous-store.com

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Alainpaul

Le fil rouge ? La danse. Une direction artistique évidente pour une maison créée par un ancien danseur. Depuis 2023, Alain Paul façonne une garde-robe contemporaine inspirée des mouvements de ces artistes : blouses en tulle transparent à plumetis, pantalons de jogging à taille élastique, ballerines en cuir froncé... Des collections dont l'industrie de la mode apprécie la poésie, en témoigne la présence de la marque parmi les finalistes du prix LVMH en 2025.

Si son père est français, le designer né à Hong-Kong tient ses origines dano-brésiliennes de sa mère. C'est à Marseille qu'il a suivi une formation en danse avant de se convertir à la création textile avec Luis Philippe, son mari et cofondateur de la maison Alainpaul. Mais les deux hommes ont choisi la capitale française comme théâtre de leurs défilés emprunts du "chic" typiquement parisien.

Une preuve supplémentaire que la parisianité s'acquiert plus qu'elle ne s'hérite.

www.alainpaulstudio.com

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Rouge Ketchup

Rouge Ketchup

L'un de ses best-sellers est un T-shirt aux couleurs des cinq grandes lignes de RER qui desservent Paris et sa couronne. Un autre, le "Bodega Shirt", est floqué de photos de condiments qui se dégottent dans des épiceries afro-exotiques. Bref, le message de Rouge Ketchup s'observe et ne laisse pas tant de place à l'interprétation. Son credo : célébrer la diversité et la richesse créative de la jeunesse parisienne et, en particulier, des Parisien-ne-s d'origines afro-descendantes.

L'engagement de la marque émergente est à l'image même de son fondateur, Jean-Daniel Djoli Tuke. Un talent prometteur franco-congolais de 27 ans, basé à Paris et animé par son amour pour la mode autant que pour le ketchup.

www.rougeketchup.com

4/5

Maitrepierre

À bas la rayure bleu marine et l'imprimé léopard chéris par les Parisiennes fantasmées. Formé à La Cambre, Alphonse Maitrepierre compose l'inventaire singulier de sa griffe éponyme depuis 2019. Au programme : des sacs à main en forme de joystick, des robes parsemées d'impressions florales 3D et des pullovers aux motifs hypnotiques. Si lui est un jeune talent de la scène mode parisienne, des marques plus installées comme Carel et Desigual ont été séduites par son ADN ludique, au point de l'appeler à collaborer. 

En 2024, il est même sollicité pour créer le look porté par Farida Kehlfa lors de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024. Sa mode made in Paris face au monde entier.

www.maitrepier.re.

5/5

Fabien Zou

instagram.com : @FabienZou

La mode comme cri d'amour à la culture noire antillaise. Adhérent de l'avant-garde mode parisienne, Fabien Zou puise dans son héritage pour valoriser les récits de sa Guadeloupe maternelle, souvent oubliés ou ignorés par les Occidentaux. Pour célébrer le cheveu afro, il crée des chaussures faites en mèches synthétiques. L'un de ses shorts corsetés, confectionné en tissu blanc, fait quant à lui référence à la coiffe immaculée de Madeleine, esclave affranchie dont la biographie reste partiellement méconnue, par ailleurs muse de la peintre Marie-Guillemine Benoist.

Derrière chaque vêtement, une histoire évoquant la beauté de son île, sans omettre la souffrance laissée par la colonisation. Ce désir viscéral de mêler héritage et création se lit aussi dans le nom des collections de Fabien Zou. "Mofwazé", métamorphose en français, donnait le ton de sa garde-robe automne-hiver 2024-2025 et permet au créole guadeloupéen de rayonner.

En revendiquant ses origines sur la scène mode occidentale, le designer offre la possibilité à d'autres de se reconnaître.

www.fabienzou.com

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