“Je dois faire ce qui est bon pour moi et me concentrer sur ma santé mentale”. Il y a trois ans, le 27 juillet 2021, Simone Biles, gymnaste américaine la plus médaillée et quadruple championne olympique aux Jeux olympiques de Rio de 2016, annonçait se retirer du concours par équipes aux JO de Tokyo. Le lendemain, elle déclarait aussi forfait pour la compétition individuelle

Ce retrait a d'abord été justifié par la fédération américaine de gymnastique par “des raisons médicales”. La vérité a ensuite été révélée par la sportive : l'Américaine a fait le choix de préserver sa santé mentale.

L’annonce est survenue peu de temps après que la joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka s'est retirée de Roland-Garros pour protéger, elle aussi, sa santé mentale.

Cette prise de parole a servi de tremplin pour sensibiliser aux questions de santé mentale dans le sport de haut niveau, où l’injonction à la performance et à la force mentale reste bien ancrée. 

"Protéger notre esprit et notre corps"

Le 27 juillet 2021 restera marqué comme le début de la reconnaissance de la fragilité psychique des champion.nes.

Pour l’opinion, elle est devenue un symbole : celle qui a brisé le tabou de la santé mentale dans le sport de haut niveau. La principale concernée a expliqué devoir faire face à ses “vieux démons” en abandonnant les JO.

À la suite de cet événement, la multimédaillée s'est mise en retrait du monde de la gymnastique. 

En réalité, tout a commencé la veille, le 26 juillet 2021, lorsque l'athlète confie sur son compte Instagram avoir “l’impression d’avoir le poids du monde sur [ses] épaules par moments”. Le lendemain, alors qu’elle concourt en équipe avec ses coéquipières, elle abandonne le podium pour prendre soin d’elle, à la stupeur générale et alors qu’elle est la grande favorite de la compétition. 

Nous sommes aussi humains, nous devons protéger notre esprit et notre corps, plutôt que de faire ce que le monde attend de nous

“Il faut aussi se concentrer sur soi-même, car, en fin de compte, nous sommes aussi humains, nous devons protéger notre esprit et notre corps, plutôt que de faire ce que le monde attend de nous. Je ne me fais plus autant confiance qu'avant, je ne sais pas si c'est une question d'âge. Je suis un petit plus nerveuse quand je fais mon sport. J'ai l'impression que je ne prends plus autant de plaisir qu'avant”, confiait-elle, relate à l'époque L’Equipe

Le lendemain de l'annonce, USA Gymnastics, a salué, dans un tweet, le courage de sa décision : "nous soutenons sans réserve la décision de Simone et saluons le courage dont elle a fait preuve en donnant la priorité à son bien-être. Son courage montre, une fois de plus, pourquoi elle est un modèle pour tant de personnes".  

Deux années sans compétitions avant Paris 2024

En plus de visibiliser ses tourments psychologiques, l'athlète décide de stopper les Jeux olympiques à cause des “twisties”. Ces brutales et imprévisibles pertes de repères dans l'espace, renforcés ou causés par le stress, mettent en danger les sportif.ves et les exposant à de graves blessures, les empêchant de bien se réceptionner. 

Les traumatismes traînés depuis des années la poussent aussi à tout arrêter, comme des centaines de gymnastes américaines. Début 2018, Simon Biles a confié avoir été agressée sexuellement par l’ancien médecin de l’USA Gymnastics, Larry Nassar. Elle est alors l'une des premières à libérer la parole sur les violences dont sont victimes les championnes.   

"On sait bien que toutes les victimes de violences sexuelles commencent leur résilience à partir du moment où ils prennent du recul et quand ils sont accompagnés par un médecin ou un psychologue”, explique en 2021 au HuffPost Véronique Lebar, médecin du sport et présidente du Comité éthique et sport.

Fin 2021, elle est désignée athlète de l’année par le magazine Time. En 2022, Joe Biden lui remet la médaille présidentielle de la Liberté : elle devient alors la plus jeune à obtenir cette distinction.

Après deux années sans compétition, Simon Biles fait son retour à l’été 2023. Sa mise en retrait n’a rien enlevé au talent et au succès de la championne. Plus forte que jamais, multipliant depuis les médailles, il ne reste plus qu’à savoir combien d'or la gymnaste raflera aux JO de Paris 2024.