Des appels "à attacher et à piquer des femmes lors de la Fête de la musique" avaient été lancés sur les réseaux sociaux l'avant-veille et la veille du grand événement. Ils ont hélas été écoutés.
À Paris (13 victimes déclarées, dans plusieurs lieux de la capitale), Béthune (Pas-de-Calais), Rouen (Seine-Maritime), Angoulême (Charente), Lyon (Rhône), Limoges (Haute-Vienne), Avignon (Vaucluse), Périgueux (Dordogne), Chambéry (Savoie), Niort (Deux-Sèvres), Toulon (Var), Saint-Denis-de-La Réunion (La Réunion), et d'autres villes encore, des cas de piqûres sauvages, à l'aiguille ou à la seringue, ont été recensés.

Des suspects âgés de 19 à 44 ans, interpellés dans tout le pays

Au total, 145 victimes, des femmes exclusivement, parfois mineures, se sont rendues auprès des services de police en métropole et en outre mer, et ont déclaré avoir été ainsi piquées durant les festivités dans la nuit du 21 au 22 juin 2025, selon l'inquiétant bilan du ministère de l'Intérieur. La police nationale décomptait, de son côté, 131 victimes.
En comparaison, lors de la Fête de la musique 2024, "seule" une vingtaine de personnes en France affirmaient avoir été piquées à leur insu, et quatre plaintes avaient été déposées, d'après les informations relayées l'an passé par Libération.
Un document sécuritaire de la police nationale consulté par Le Parisien, dénombrait ce dimanche 22 juin 2025 au soir quatorze interpellations d'hommes suspectés d'être les auteurs de piqûres. Âgés de 19 à 44 ans, ils ont été placés en garde à vue.
Ça tourne !
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes, afin de déterminer notamment avec quoi les personnes ont été piquées. À Abbeville, dans la Somme, une fêtarde mineure a été piquée avec une aiguille plantée sur son bras, qui n'avait pas été retirée par l'agresseur, mais plus tard, par les sapeurs-pompiers, avant d'être placée sous scellé.
La police indique qu'aucune des victimes n’a vu son pronostic vital être engagé.

Quels sont les symptômes des personnes piquées ? 

Les victimes de piqûres sauvages expliquent souvent n'avoir détecté aucune douleur au moment de l'agression, mais ressentent différents maux dans les heures qui suivent.

Elles décrivent plusieurs symptômes : nausées, bouffées de chaleurs, troubles visuels, fourmillementsvertiges, voire malaises, comme ce fut le cas pour trois parisiennes piquées dans la nuit du 21 au 22 juin 2025.

Sur les réseaux sociaux, depuis 2022 (2 100 plaintes déposées cette année-là en France) et l'explosion de cet inquiétant phénomène, les victimes témoignent aussi d'une douleur vive au bras, d'une extrême fatigue ressentie, ou encore, d'un intense mal de tête ou d'une amnésie. 

Certaines d'entre elles constatent aussi une auréole rouge qui apparaît au niveau du point d'injection, mais ce n'est pas toujours le cas.

Que dois-je faire si je crois avoir été piqué·e ?

Face à une flambée des signalements il y a trois printemps, dans les concerts, les festivals, les bars et les boîtes de nuits, le ministère de l'Intérieur et la Police nationale avaient livré sur leurs réseaux sociaux respectifs, la marche à suivre si on craint d'avoir été piqué·e par un inconnu malintentionné. 

D'abord, "essayez d'identifier les auteurs", puis "prévenez la direction de l'établissement", afin d'être mis en sécurité.

Il faut ensuite composer le 17 (numéro de Police secours), le 112 (numéro d'urgence), ou le 114 (numéro d’urgence pour les sourds et malentendants) par SMS, et se rendre aux Urgences sans délai, pour qu'un bilan toxicologique y soit effectué.

"Il est également possible d’appeler le 15 au moindre doute ou pour permettre à la victime d’arriver aux urgences en toute sécurité (s’il y a eu consommation d’alcool notamment)", précise le gouvernement, sur une page de son site dédiée à ces attaques à la seringue

Le "sans délai" est crucial : les examens qui permettent de déceler les traces de GHB - la "drogue des violeurs" - doivent être réalisés le plus rapidement possible. Dans les 8 heures maximum suivant la piqûre pour un prélèvement sanguin, ou jusqu'à 12 heures après cette agression, en cas d'analyse urinaire.

"Le facteur temps est en effet très important. Il faut réagir le plus vite possible pour permettre de retrouver des preuves et vous protéger contre le risque d’infection", insiste le gouvernement.
 
"J'insiste, il ne faut pas laisser le temps à la drogue d'agir [dans le cas où vous vous rendez compte, sur le moment, de l'agression que vous venez de subir, ndlr] car vous pourriez perdre votre lucidité et ne plus être en mesure de chercher du secours, demandez donc immédiatement de l'aide", prévient aussi le "Doc Amine", médecin généraliste suivi par des centaines de milliers d'internautes sur Instagram, TikTok et X (ex-Twitter).

Les victimes sont ensuite invitées à se manifester auprès d'un commissariat de police ou d'une brigade de gendarmerie, afin de porter plainte.

Avec un dépôt de plainte, "vous serez examiné·e rapidement par un médecin légiste", "des prélèvements seront faits en urgence pour identifier les éventuelles substances injectées", "vous bénéficierez si nécessaire d’un traitement préventif contre le risque d’infection (HIV, hépatite B)", et "les frais d’examen et d’analyse seront pris en charge", est-il énuméré sur info.gouv.

Si les personnes exposées se sont rendues au commissariat avant d'aller aux Urgences, elles pourront y être dépistées sur place, car les policiers réclament à la justice ces analyses, qui permettent de détecter la présence et la nature de la substance injectée, et d'indiquer s'il y a eu, aussi, contamination par ces aiguilles.

Les victimes qui n'ont pas déposer plainte peuvent se rendre aux urgences ou dans un des Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), dans un délai de 48 heures, afin d'y recevoir un traitement préventif et gratuit contre les risques d'infection au VIH ou à l'hépatite B.

Le ministère de l’Intérieur rappelle que pour toute question, les concerné·es peuvent aussi contacter le service d'urgence "Drogue Info Service", disponible 7 jours sur 7, de 8 heures à 2 heures du matin. Cet appel au 0 800 23 13 13 est anonyme et gratuit depuis un poste fixe. 

Que faire si on est témoin d'une piqûre sauvage ?

Le rôle du témoin est clé, car la personne piquée peut rapidement devenir fébrile, voire perdre connaissance.

Le sujet à ses côtés doit donc, en premier lieu, vérifier son état de conscience.

Si elle est consciente, ce dernier préconise de rester auprès d'elle, après avoir appelé le 112. "Assurez-vous de son état de conscience, demandez-lui si elle a des problèmes de santé, si elle prend des médicaments et essayez de la maintenir réveillée", liste le médecin et influenceur engagé.

Dans le cas de figure où la victime est inconsciente, le témoin doit "vérifier qu'elle respire en posant [sa] main sur l'abdomen et en ressentant les mouvements abdominaux".

"Si elle ne respire pas, appelez le 15 [numéro du Samu, ndlr], demandez d'urgence de l'aide autour de vous, demandez un défibrillateur (la plupart des établissements en sont équipés) et commencez un massage cardiaque."