Violences conjugales : elle a dit stop !
« Au début, c'était si parfait. Et amusant, comme si on était dans une nouvelle voiture, lancée à pleine vitesse, sans imaginer se crasher ! » Lorsque Maggie, 20 ans, tombe amoureuse de Shane, 31 ans, elle vient de quitter Zane, son mari, militaire, père de ses deux enfants, et infidèle. « Shane était gentil, il me disait que j'étais belle, qu'on formerait une vraie famille. On a déménagé, et peu à peu il m'a coupée de mes amis. » L'histoire de Maggie colle au scénario hélas banal de la violence conjugale : la passion étouffante, puis l'emprise psychologique insidieuse, la peur, les coups et le sentiment de culpabilité qui enferme la victime dans le silence.
« Il sortait de prison, avec de gros problèmes d'addiction. Ma mère est morte d'une overdose lorsque j'avais 8 ans, je n'ai pas pu la sauver. C'était une deuxième chance, j'ai cru que je pourrais le protéger. Mais j'ai compris que ses troubles étaient graves, j'ai culpabilisé à l'idée de le quitter... »
Le 17 novembre 2012, après une soirée arrosée dans un bar karaoké, une dispute éclate. Shane, pris d'une rage folle qui lui fait oublier jusqu'à la présence de la photographe Sara Lewkowicz , bouscule Maggie et la frappe devant sa fille, Memphis, qui hurle de peur. « Il ne me laissait pas l'approcher, c'était la seule chose qui m'importait, ma petite fille ! » La photographe lance son mobile à une amie qui s'enferme dans les toilettes pour composer le 911 et mitraille... Embarqué par les officiers de police, Shane, multirécidiviste, sera condamné à neuf mois de prison. Ce soir-là, grâce à l'objectif de Sara, ce ne sont pas des mots de réconfort mais des images choc qui vont faire basculer la vie de Maggie. Confrontée à la réalité captée de cette violence trop longtemps subie, elle fait sa valise, part sans se retourner et rejoint Zane, son mari quitté en poste en Alaska. Le temps de souffler, car il n'y aura pas de happy end hollywoodien. Mais Maggie a compris qu'elle devait enfin prendre sa vie en main, être une femme autonome. A 21 ans, aujourd'hui installée chez son père avec ses enfants, elle a entrepris des études d'infirmière. Elle est désormais maîtresse de sa vie et de ce reportage qui fait le tour du monde*. Elle n'en tire aucune gloire mais l'espoir que ces photos feront comprendre à d'autres femmes qu'il est possible de s'échapper de l'enfer de la violence conjugale.
(*) Il a reçu le Prix de la ville de Perpignan Rémi Ochlik 2013.
« CETTE SOiRÉE A BOULEVERSÉ NOS ViES »
Un an après, la photographe Sara Lewkowicz, qui a suivi Maggie et Shane, nous raconte les circonstances et les conséquences de ce reportage.
Marie Claire : Comment avez-vous rencontré ce couple ?
Sara Lewkowicz : « Dans une fête foraine, dans l'Ohio, j'ai vu ce type tatoué, c'était Shane. Il sortait de prison, je travaillais sur les multirécidivistes, il a accepté que je suive sa vie avec Maggie. Je les voyais souvent, mais j'ignorais ce qu'il se passait dans leur couple. Deux heures avant qu'il la frappe, Maggie m'a dit qu'il la bousculait parfois mais qu'il ne l'avait jamais battue.
Quel a été l'impact de ce reportage photo ?
Mes photos ont été publiées dans de nombreux pays, Shane est sorti de prison - il a fait cinq mois au lieu de neuf, pour « bonne conduite ».
Maggie, célibataire, suit une thérapie et étudie. Elle rêve d'être puéricultrice. C'est une amie, je vais la voir dans l'Ohio, je photographie les nouvelles étapes de sa vie. Hier, le 17 novembre 2013, un an jour pour jour après cette soirée qui a bouleversé nos vies, j'ai vu un homme frapper sa compagne, cette fois dans une rue de Londres. J'ai appelé la police, mais je n'ai pas sorti mon appareil. Malgré ma déposition, la jeune fille, 17 ans, n'a pas porté plainte, elle est repartie avec son agresseur. Un ami m'a dit : "Deux fois, c'est une coïncidence, trois fois c'est le destin."
Violences Conjugales : elle a dit stop !
C'est l'amour fou entre Shane et Maggie.
Shane entre dans une rage folle, Maggie a osé quitter seule le bar où il flirtait avec une autre.
Un mois après avoir rencontré Maggie, Zane tatoue son nom sur son cou.
Maggie tente de fuir. Shane la rattrape et la projette dans la cuisine.
SOS 3919 : Violence Femmes Info (appel gratuit sept jours sur sept) http://stop-violencesfemmes.gouv.fr.
Une fois de plus , j'ai visionné les photos de Maggie , qui me font tristement écho. Cela fait 22 ans que je suis mariée et cela fait un peu plus de 20 ans que mon mari (F) a commencé a me maltraité. Nous nous sommes mariés lorsque j'étais enceinte de mon premier enfant. A l'époque , très désargentés nous avons vécu chez mes beaux parents , puis lorsque mutuellement nous avons trouvé du travail , nous avons pris un logement indépendant et mis en route le petit deuxième . Ma grossesse a pris court spontanément ( je suis une fille DES ) et entamé un autre parcours "d'enfant " . Entre temps la mère de F est décédée.. Mon époux très vite à mal supporté les contraintes des traitements puis la médicalisation de ma grossesse -repos complet - . Puis un jour , où l'aide ménagère a du partir plus tôt, ne m'ayant pas amené mon repas , lui en laissant le soin , la "folie" a commencée. F a attrapé le plateau , me le jetant sur le lit avec la nourriture pour ensuite se mettre a casser la vaisselle sur la table basse.. Il criait en m'accusant de faire du cinéma et voulait a tout prix que je me lève. Ce que j'ai fait , et là, les contractions devinrent très violentes. Je lui ais demandé de m’emmener à la clinique , ce qu'il a fait mais le travail était bien avancé. Malgré tout , l'obstétricien a pu stabiliser mon état et je suis restée par la suite hospitalisée jusqu'à la naissance de mon fils -un peu plus de quatre mois - . Une fois revenue au domicile , passée la première journée , très vite tout est devenu prétexte à conflit , a ma faire sentir "bonne à rien ", inutile , de trop. . De plus lui avait été licencié et moi même mon contrat n'avait été renouvelé. Ne trouvant pas d'emploi , petit à petit , il a commencé à m 'évincé de ma place de maman . Puis, son père lui à trouvé un emploi et j'ai occulté toutes ces choses délirantes -mauvaise foi , discours paradoxal, mise en scène pour que l'attention soit centrée sur lui, cris , menaces , chantage , bras tordus , bousculades, etc.., que je vivais , pensant que j'étais responsable , pas assez bonne épouse , pas assez bien moi comme individu et que les choses allaient rentrer d'elles même dans l'ordre. Je pensais qu'un troisième enfant souderait notre couple et F n'a manifesté ni opposition , ni adhésion. Notre troisième enfant est venue au monde et je me suis investie dans le maternage , y compris celui de F , délaissant toute ambition et tout désir personnel. Nous avons déménagé de la ville pour la campagne , pour que F ait moins de trajet. Nous avons ensuite acheté notre première maison . La violence est montée d'un cran avec des agressions physiques plus marquées -coups de pieds , de poings , claques , strangulations , spoliation économique, ...et toute cette honte qui me tétanisait. Nous avons a nouveau déménagé et moi qui pensait que j'avais connu le pire , j'ai fait connaissance avec d'autres sévices - descendue de l'escabeau a coups de poings , mise à terre , sortie du domicile et traînée sur le chemin pierreux par les cheveux, insultes graveleuses, ... Sans lui dire , j'ai cherché du travail et trouvé un mi temps. De nouveau ; les choses se sont empirées puisque je n'étais plus assez disponible et malheureusement mon salaire ne me permettait pas de partir. Puis un jour, F est parti. Il avait rencontré quelqu'un d'autre . J'étais évidement la seule responsable de cet état de choses.Pour autant , il n'entamait pas de procédure de divorce. Je fis donc les démarches. Une fois de plus j'étais la mauvaise personne . Nous sommes allés en non conciliation, j'avais la garde des enfants , et lui une ordonnance qui mentionnait qu'il n'avait pas le droit de venir chez moi. Pas de pension pour moi qui gagnait 500 euros , lui travaillant dans la banque et avait souscrit des crédits en amont de l'audience . La procédure se poursuivait , j'ai recommencé a sortir et j'ai rencontré quelqu'un. Et F est revenu dans ma vie. Nous avons racheté une maison et revécu ensemble. Très vite , notre vie est redevenue égale a celle que nous avions précédemment. Je suis passée à temps plein mais toujours avec un salaire qui ne me permettait pas de prendre un logement . Aujourd'hui toutes les limites ont été franchies , -trois heures d'affilée, rouée de coups de poings , de pieds, dans n'importe quelle partie du corps avec les insultes les plus dégradantes qu'il soit, privation de nourriture, ou nourriture écrasée sur le visage, descendue de voiture par les cheveux, vêtements déchirés , contrôle des allers et venus , des appels téléphoniques, de mes dépenses, de mon compte en banque, humiliation constante , privation de mon rôle de mère , de fille de mes parents, isolement social, pas le droit d’être malade ou fatiguée,.. . Ma dernière enfant partira cette année et je me suis mise en contact avec les instances existantes. Et là , je bute. Dépôt de plainte égal à convocation et impensable tant que nous vivons sous le même toit. Mon salaire n'est pas suffisant pour louer dans le privé, les bailleurs demandent un garant. Pour obtenir un logement social , il faudrait que je porte plaine e je me mets en danger. Difficile de faire face financièrement a une procédure de divorce , il faut avancer un minimum de frais et pas d'aide juridictionnelle. Ce sont aussi toutes ces réalités qui permettent à ces "Messieurs " leurs indélicatesses.