Rajasthan : un nom qui résonne comme dans un conte des Mille et Une Nuits, avec ses palais, ses temples et autres trésors architecturaux. Des merveilles qui racontent l’histoire de cette région du nord-ouest du pays à travers les Rajputs, les Moghols et les colons britanniques. Ici, l’Inde dorée côtoie une Inde surpeuplée en perpétuelle effervescence, haute en couleur et en senteur.
Rajasthan : s’émerveiller à Jaipur
La calèche tirée par deux chevaux s’arrête devant le Rambagh Palace, entouré de dix-neuf hectares de jardins paysagers. En haut des marches, une jeune Indienne appose entre mes sourcils un point de poudre kumkum rouge. C’est le fameux bindi qui symbolise le troisième œil. Puis, parée d’un collier de jasmin, je suis mon butler à travers les couloirs de cette ancienne résidence du maharaja de Jaipur, Man Singh, et de son épouse, Gayatri Devi. Métamorphosé en un luxueux hôtel, le palais compte quatre-vingt-dix suites et chambres à l’opulente décoration : riches tentures, mobilier ancien, lits à baldaquin, motifs muraux peints à la main, salles de bains en marbre. Tout évoque les fastes de la vie princière d’antan… en parfaite symbiose avec les écrans plats, la Wi-Fi et la climatisation.
Entretenir son "Jiva" (force de vie) au Rambagh Palace de Jaipur
Rajasthan : entretenir la force de vie
Au fond du parc, dans un havre de verdure, voici le Jiva Spa avec son imposante piscine intérieure, conçue pour la maharani Gayatri, et ses deux luxueuses tentes-cabines. Elles rappellent les somptueux campements dans lesquels les empereurs moghols logeaient lors des campagnes militaires, aux XVIe et XVIIe siècles. Shirish Gupta, le spa manager, m’explique que les soins prodigués ici s’appuient sur une tradition millénaire du bien-être et s’inspirent des thérapies curatives qui font partie intégrante de la spiritualité du pays. Ils ont pour but d’entretenir le jiva (ou force de vie) à l’aide de produits naturels élaborés à partir d’herbes, d’huile essentielles et d’ingrédients typiquement indiens. « Nous croyons à l’adage : “Atithi devo bhava” [L’hôte est une personnification de Dieu] », dit-il. D’ailleurs, avant chaque soin, la thérapeute médite un court instant pour se connecter aux bonnes vibrations.
Rajasthan : le pouvoir des pierres
Après l’immuable rituel de bienvenue, le namaste (« Je m’incline devant vous », en sanskrit), tête baissée et mains jointes, Dolkar m’offre un thé détoxifiant bio à base de citron vert, basilic et jaggery (sucre complet)et me fait prendre un bain de pieds aromatisé avec un mélange ashwagandha (ginseng indien), eucalyptus, gingembre et pétales de rose. Je m’allonge ensuite sur le ventre, face à quelques péridots (pierres vertes énergisantes et purificatrices), pour le soin Vishrama (120 min, Rs 11 000, 160 €), un modelage profond destiné à atténuer mes contractures dorsales. Avec une huile composée de plantes indiennes, notamment l’ashwagandha, la palmarosa (grande herbacée qui favorise la détente psychique) et l’amla (fruit du groseillier qui aide à la relaxation du corps et de l’esprit), elle me masse longuement en insistant sur les trapèzes. Les mouvements sont lents, la pression forte pour atteindre les couches profondes des muscles. Puis elle dénoue les tensions avec des pochons chauds renfermant sel, minéraux pilés et herbes endémiques, dont l’incontournable ashwagandha. Après le soin, je savoure ces instants de « zénitude » sur un daybed posé en pleine verdure, amusée par le spectacle d’un paon en liberté qui fait la roue.
Les pierres précieuses, les ratna, ont fait la notoriété de Jaipur. Selon une légende, elles auraient été créées par Shiva à la demande de son épouse Parvati pour guérir les maladies. Surfant sur cette spécificité, le spa du Rambagh Palace propose une expérience de gemmologie. En s’appuyant sur l’énergie dégagée par les ratna et sur la radiesthésie, à l’aide d’un pendule de cristal pour interpréter les vibrations des objets, le Dr Chauhan diagnostique les énergies négatives et aide à rétablir l’équilibre par l’utilisation de pierres, d’aromathérapie et d’acupression (consultation sur rendez-vous, 75 min, Rs 4 500, 65 €). Complètement bluffant !
Plus tard, je retrouve Nungi sous un gazebo pour le Pada Snana (75 min, Rs 1 965, 29 €), un soin des pieds revitalisant. Un protocole classique avec gommage aux algues, sel et huile de jojoba, suivi d’un masque nourrissant à base d’encens, de jasmin et de bois de cèdre. Tandis que Nungi applique un vernis rouge Keys To My Karma (OPI), un musicien joue du santoor au bord d’un bassin constellé de nénuphars.
Rajasthan : planer à Jodhpur
Sur les hauteurs de la capitale du désert, se déploie le palais d'Umaid Bhawan
Étape suivante, Jodhpur, où un chauffeur enturbanné m’attend à l’aéroport pour me conduire à bord d’une authentique Cadillac des années trente jusqu’au palais d’Umaid Bhawan, également transformé en hôtel. Perchée sur les hauteurs de la capitale du désert, c’est l’une des plus grandes résidences du monde. Le maharaja Gaj Singh II occupe toujours la zenana, l’aile jadis réservée aux femmes de la cour. Dès 1929, son grand-père Umaid Singh a fait bâtir ce splendide monument pour donner du travail aux populations frappées par la sécheresse et la famine. En quinze ans, trois mille ouvriers ont réalisé cet édifice de grès ocre et de marbre qui compte trois cent quarante-sept pièces. Un véritable jeu de construction géant (chaque bloc a été sculpté pour être ajusté sans mortier) conçu par l’architecte britannique Henry Lanchester, qui conjugua Art déco et style asiatique. La majesté du lieu subjugue, en particulier la spectaculaire rotonde coiffée d’une coupole à plus de trente-deux mètres de hauteur. Les soixante-quatre chambres et suites sont équipées des toutes dernières innovations technologiques.
Rajasthan : un divin massage parfumé
Rendez-vous au spa avec Sandipa pour un soin du visage. Pour ma peau mixte, elle me conseille le Champak (60 min, Rs 2 800, 40 €). Tout le protocole décline les mêmes ingrédients : magnolia, lavande et jasmin. Démaquillage, massage de la nuque et des épaules, gommage, masque. Pendant la pose, massage des pieds avec une huile jasmin et palmarosa, puis de la tête (sans huile). Le soin s’achève avec l’application d’un sérum tenseur un peu crémeux, qui impose d’éviter le soleil dans les heures qui suivent.
J’enchaîne avec l’Hast Snana (60 min, Rs 1 670, 24 €). Il s’agit d’un soin des mains revitalisant assez classique, avec gommage aux plantes ayurvédiques (chitrak, bibhitaki, man-jishtha) et sel de mer, puis pose d’un masque composé d’argile blanche, d’extrait de kiwi et d’huile de rose. En touche finale sur mes ongles, à nouveau le rouge Keys To My Karma. Me voici mise en beauté pour un dîner indien sous le pavillon de marbre blanc Baradari, dressé dans le magnifique jardin.
Le lendemain, une séance de yoga au lever du soleil dans le jardin est l’occasion de m’initier aux techniques de relaxation, asanas et autres exercices de respiration. Puis cap sur la Ville Bleue pour flâner dans ses ruelles médiévales enveloppées de vapeurs d’encens, de roses et… d’égouts.
Rajasthan : rêver à Udaipur la mythique
Tout en marbre blanc, le Taj Lake Palace trouve un écho à sa splendeur à la surface des flots.
À quarante-cinq minutes de vol de Jodhpur, Udaipur La Blanche s’inscrit dans l’un des plus beaux décors naturels du Rajasthan, campée entre les monts Aravalli et les rives du lac Pichola. L’émerveillement est encore plus grand quand apparaît l’intemporelle bâtisse de marbre blanc à la surface des flots, le mythique Taj Lake Palace. Construit en 1754 pour servir de résidence d’été au maharana Jagat Singh II (titre donné à un grand guerrier, par opposition au maharaja, qui signifie grand roi), il incarne la gloire de l’ère rajpute.
Rajasthan : un rituel de beauté dans le spa boat
J’accoste sur l’île de Jag Niwas sous une pluie de pétales de rose, accueillie par un majordome en costume traditionnel. Galeries à arcades et corridors orchestrés autour de patios et d’un bassin de lotus, où fut tournée une scène du James Bond Octopussy, conduisent aux quatre-vingt-une chambres et suites. Elles sont toutes habillées de luxueuses étoffes de soie, rehaussées de mobilier en bois sculpté.
Afin de mieux découvrir les coutumes de l’ancien royaume du Mewar, j’oublie le petit spa, jouxtant la piscine ombragée, pour le Spa Boat. Il perpétue la tradition des barges cérémoniales d’antan, à bord desquelles on conduisait la future mariée de sang royal avant ses noces. Pour le rituel Mehwar Khas (90 min, Rs 5 820, 85 €), Dhunkyi me propose d’abord un bain de fleurs dans le Jacuzzi sur le pont en teck, puis un break dans le tout petit hammam aménagé à côté de la double cabine. Objectif : préparer ma peau au gommage à base de bois de santal, racine de curcuma, neem (margousier indien). Pendant que ces ingrédients diffusent leurs bienfaits, elle me masse le cuir chevelu en appuyant sur les points d’acupression avec une huile mixant magnolia, amla et jatamansi (plante rare de l’Himalaya). Après la douche, suit le massage relaxant avec un mélange d’huiles d’ashwagandha, kewda (Pandanus odoratissimus), palissandre et encens. Elle s’attarde tour à tour sur les chevilles, les poignets et les trapèzes. Le soin s’achève par un massage du visage avec une huile à base de jasmin. Totalement relaxée, la peau aussi douce que celle d’un bébé, je farniente sur le pont, bercée par le clapotis de l’eau, en dégustant une assiette de fruits frais accompagnée d’un jus de mangue.
Rajasthan : légère et sereine comme une maharani
Le lendemain, je teste le Prithvi Mrit, « le Nectar de la Terre » (45 min, Rs 2 545, 37 €), un enveloppement à la fois nourrissant et détoxifiant élaboré à partir d’argile et de vingt-deux plantes indiennes (nagarmotha, manjishta, neem, santal, safran, cannelle…). Résultat : une peau éclatante et une impression de légèreté. Après une romantique croisière sur le lac scintillant sous les derniers rayons du soleil, un dîner gastronomique m’attend au Neel Kamal.
Le lendemain, aux premières lueurs de l’aube, une dernière séance de yoga sur le toit-terrasse me donne une sensation d’apaisement, les yeux remplis d’images de fastueux palais. Sereine comme une maharani.
Une partie de polo sur éléphants en habits de fête, suivie d'un
dîner de Maharaja, sus une pluie d'étoiles.
Rajasthan : bon à savoir
Formalités : la demande de visa relève du parcours du combattant. Mieux vaut suivre la procédure à la lettre (sur Internet) pour ne pas perdre trop de temps.
Lignes aériennes : pas de liaison directe France-Rajasthan. Escale obligatoire à Delhi ou Mumbai. L’avion est le moyen le plus rapide pour relier les différentes étapes. Le sens de la visite peut varier en fonction des disponibilités aériennes.
Tourisme : à Jaipur, la vieille ville peinte en rose, en 1876, pour la venue du futur roi Édouard VII, le musée du City Palace et le Palais des Vents. À Jodhpur, le fort de Meherangarh. À Udaipur, le City Palace Museum.
Shopping : à Jaipur, Anokhi, boutique trendy de vêtements et linge de maison bio. Fabindia, textiles moins chics et très abordables. Gem Palace, très beaux bijoux dont certains hors de prix. Et, un peu partout, saris, pashminas et épices
Le Rajasthan en pratique :
Y aller : forfait huit nuits/dix jours à partir de 5 298 € par personne, de septembre à décembre, incluant les vols Air France Paris-Delhi et Mumbai-Paris, les vols intérieurs sur Air India et Jet Airways, les transferts en voiture privée avec chauffeur, les frais de visa, une nuit à l’arrivée au Taj Mahal de Delhi, deux nuits dans chacun des hôtels TAJ cités dans notre sujet, une nuit avant le départ au Taj Mahal de Mumbai en chambre double et petit déjeuner, les demi-journées de visite en voiture privée avec un guide parlant français. Programme individuel à la carte. Nuit supplémentaire par personne : 422?€ à Jaipur, 391?€ à Jodhpur, 422 € à Udaipur.
Réservations : Kuoni, tél. 0820 300 384, www.kuoni.fr