"Civette, ambre gris, musc… Ces notes animales ont fait les beaux jours de la parfumerie pour la sensualité brute, le mystère, la puissance et la tenue apportées à un sillage", explique Sophie Labbé, parfumeur principal chez DSM Firmenich. Ainsi à l’époque, pas de Shalimar, N°5 ou Opium sans ces notes-là.
Mais les temps ont changé. "Tout comme la fourrure, les notes animales ne sont plus du tout utilisées, car ce sont des rejets ou des substances issues des animaux qui provoquent parfois leur mort", précise-t-elle. Comme dit Sophie Labbé : "la génération Z est souvent vegan, très sensible à la défense des animaux. Ce n’est plus du tout dans l’air du temps d’utiliser une note animale naturelle."
Les principales notes parfumées animales interdites
Le musc : issu de l’excroissance du chevrotin porte-musc du Tibet qu’il fallait découper et donc tuer. Très prisé pour son odeur boisée puissante.
Le castoréum du Canada : une substance sécrétée pour marquer son territoire et imperméabiliser le pelage. Adoré pour son odeur cuirée et fumée.
La civette : extraite des glandes péri-anales d’un petit chat sauvage en Ethiopie. Sa senteur musquée évoque la fourrure.
L’ambre gris : une matière rejetée dans l’océan par les cachalots. Iodée, salée, minérale, c’est l’une des plus belles notes de la parfumerie.
La cire d’abeille : produite pour fabriquer le miel, elle apporte une note miellée gourmande aux sillages. Si certaines marques continuent de l’utiliser, elle reste issue d’un animal.
Quelles notes animales alternatives pour les parfumeurs aujourd’hui ?
Mais impossible de voir disparaître ces grands classiques de la parfumerie ou de se priver de la sensualité des notes animales. Il y a alors deux options. Se tourner vers les notes de synthèse qui se rapprochent de l’odeur de l’ambre gris ou la civette sans toucher aux animaux. Soit se tourner vers des notes cuirées et épicées pour « animaliser » une senteur.
Les notes animales de synthèse : ambroxan ®, civetone ®, mucinone ®, woodleather ®, cachalox ®,ambrinol ®, ambrox ®…sont quelques-unes des nombreuses notes de synthèse animales imaginées par les maisons de parfum pour recréer certaines facettes de l’ambre gris, la civette, ou encore du musc. Et ainsi booster la sensorialité et la tenue de certains parfums. Ce qui laisse une infinité de possibilités.
Les notes boisées et les épices : "Les notes cuir, oud, épicée et fumée donnent le côté animal d’aujourd’hui" explique Sophie Labbé.
Le bois de oud : c’est la star des années 2020. Cette résine moyen-orientale produite par un arbre lorsqu’il est infecté par un insecte apporte un côté épicé, boisé, puissant aux parfums.
Le labdanum, le bois de gaïac, le maté, le thé noir : pour leur notes de résine chaude et fumée.
L’essence de cade : son côté goudronné donne puissance et tenue.
Le cumin : addictive avec son odeur proche et rassurante de la transpiration humaine.
Le safran : chaud, épicé et ultra sensuel.
La fleur d’immortelle : divine avec sa senteur épicée de curry.
Comme le résume Sophie Labbé : "L’idée n’est pas de faire un 'annule et remplace'. Mais de réinterpréter les compositions pour retrouver cette puissance et animalité sans toucher aux animaux". Tous les bénéfices… sans les inconvénients en somme.