Les antioxydants stars
Dans l’Hexagone, on privilégie la théorie du stress oxydatif. Une agression biologique, plus ou moins forte selon la production de radicaux libres et la capacité du corps à déployer ses défenses antioxydantes. Si ces dernières sont insuffisantes, les radicaux libres s’en donnent à cœur joie. Ils font rouiller nos cellules, endommagent notre ADN, nous font vieillir plus vite et entraînent même certaines maladies. Un examen diagnostique l’état de nos troupes défensives pour mettre en place une stratégie anti-âge sur mesure.Le bilan biologique.
C’est le FBI et la CIA réunis en une prise de sang. Ultra-sophistiqué, il dresse l’état des lieux des dommages causés par l’oxydation sur notre ADN, nos lipides et nos protéines, et au final, on obtient l’échelle SO Oxyscale. Ce bilan fournit deux types d’informations : l’état du stock de nos défenses antioxydantes issues de l’alimentation et de celles produites par l’organisme en interne, ainsi que leurs éventuelles anomalies. Prix : 230 euros env.
Rens. : www.cisso.info.
Les molécules antirouille.
Elles neutralisent et réparent les attaques toxiques des radicaux libres. En tête : les vitamines.
La E. C’est l’ange gardien de nos lipides, sachant que les membranes cellulaires, les neurones et le sang en sont gorgés. Résultat : réduction du risque d’athérosclérose (dépôt de graisse dans les artères) et d’accident vasculaire cérébral (divisé par quatre). Elle lutte aussi contre l’affinement du derme et dope la cicatrisation.
Warning :
Ajr (apports journaliers recommandés) : 12 mg.
Dans l’assiette : noisette, amande, pruneau et huiles de germe de blé, tournesol, arachide, foie de morue.
La A (lycopène, bêtacarotène, zéaxanthine, lutéine...). Elle donne un coup de pouce à la production des cellules cutanées (son joker est le lycopène à hauteur de 4 à 5 mg par jour) et accélère leur renouvellement. Elle limite aussi les faiblesses visuelles (près de 50 % de risque de cataracte en moins grâce à la zéaxanthine).
Warning spécial fumeuses : pas de bêtacarotène en complément alimentaire. Cela accroît les risques de cancers liés au tabac. Consommez-le dans les aliments.
Dans l’assiette : végétaux rouges, jaunes, orange et vert.
La C.
Warning : le tabac amenuise sérieusement la réserve de vitamine C, aussi veillez à entretenir votre stock. De 100 à 200 mg par jour dans un cocktail.
Dans l’assiette : kiwis, agrumes, fraises, choux, persil, poivron rouge.
Le sélénium. C’est l’enzyme anti-âge par excellence, pare-feu contre les radicaux libres et l’oxydation des acides gras. Mais attention : à forte dose, il devient toxique.
Ajr : de 50 à 80 microgrammes.
Compléments alimentaires : mode d’emploi.
Toujours en tandem. On choisit un cocktail de vitamines et de minéraux riche en tout (vitamines A, C, E et B, sélénium, zinc, oméga 3, magnésium...) en respectant les AJR (indiqués sur les flacons). « Sans bilan biologique préalable, cette diversité assure un équilibre optimum, précise le docteur Michel Brack. L’organisme y puisera ce dont il a besoin et rejettera ce qui lui est inutile. Pas plus de vingt jours par mois sur quatre à six mois. » Attention, zéro cuivre et zéro fer en supplémentation sans avis médical : c’est pro-oxydant.
Non au surdosage. Avaler des doses massives ne rend pas les antioxydants plus efficaces, c’est même l’inverse : ils deviennent également pro-oxydants.
Zappez les formules synthétiques et optez pour les versions naturelles (c’est indiqué sur les boîtes). Leur biodisponibilité est meilleure.
Pourquoi ne pas se contenter d’une assiette équilibrée en vitamines et minéraux ? « Parce que cela ne suffit pas pour ralentir le vieillissement et prolonger davantage sa vie », explique Pierre Boutron(2), chercheur au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et biologiste. En effet, stress, pollution et déséquilibres alimentaires grignotent le quota antioxydant emmagasiné lors des repas.
1. Auteur de « La Révolution des antioxydants : ralentir le vieillissement et prévenir les maladies » (éd. Albin Michel).
2. Auteur de « Arrêtons de vieillir » (éd. Thierry Souccar).
La stratégie anti-inflammation
A Miami Beach, une autre star du rajeunissement fait parler d’elle : l’aspirine. Les quinquas ultra-glam la vénèrent et l’avalent tous les jours à petites doses. Doyenne des anti-inflammatoires, elle n’est pas près de prendre sa retraite. Gourou adulé des VIP, Andrew Weil(3) est surtout médecin et botaniste. Il prône une médecine anti-inflammatoire précise.Il distingue l’inflammation normale (notre premier système de défense interne) et l’anormale, qui « s’étend à des zones du corps qui ne sont ni blessées ni agressées. Cette dernière libère des enzymes capables de détruire les parois cellulaires et les tissus. Le corps doit les maîtriser. »
Il prescrit l’aspirine à faible dose tous les jours et une alimentation spéciale. Des études montrent que l’on prévient ainsi les polypes colorectaux et certaines maladies cardiaques.
Attention cependant : l’aspirine à forte dose peut causer des hémorragies, déclencher des crises d’asthme et des irritations de l’estomac.
Le régime anti-inflammation du docteur Weil
Mangez des fruits et des légumes frais, et colorez votre assiette pour bénéficier d’un maximum de micronutriments. Avalez quotidiennement l’équivalent d’un pot de yaourt de végétaux cuits de chaque couleur. Doublez la mise si vous préférez le cru.
Epicez vos plats de gingembre sec, en poudre ou en gélules, ainsi que de curcuma.
Adoptez le reishi, un champignon japonais, pour son effet boosteur de l’immunité. En boutiques diététiques.
Rétablissez le juste quota entre les oméga 3 et 6 : nous faisons des orgies d’oméga 6 (huiles de tournesol, de maïs, de bourrache, d’onagre, produits transformés...). Or « les hormones synthétisées à partir des oméga 6 intensifient l’inflammation, tandis que celles fabriquées à partir des oméga 3 (huiles de colza, de lin, de noix, de soja, mâche, germes de blé et poissons gras) ont un effet inverse », explique le botaniste. Il faut consommer un oméga 3 pour trois oméga 6.
Zappez les graisses artificiellement solidifiées : huiles hydrogénées et margarine. Troquez-les pour du beurre ou une huile riche en oméga 3 (impérativement pressée à froid).
Evitez les fritures. Ne chauffez jamais l’huile jusqu’à ce qu’elle fume.
Pianissimo sur les graisses saturées : beurre, crème fraîche, fromage, viandes grasses, aliments renfermant de la noix de coco et de l’huile de palme.
Allegro forte sur l’avocat, les noisettes et les noix.
Favorisez les aliments qui véhiculent le sucre en douceur, comme la pomme de terre en robe des champs, le pain complet, les céréales complètes, les légumes.
Ecartez les produits à forte teneur en fructose. Il se stocke sous forme de graisse dans le corps, contrairement au glucose.
Pianissimo sur les aliments à base de farine de blé blanche et de sucre (viennoiseries, biscuits, pain de mie).
Augmentez la consommation de protéines végétales (légumineuses, haricots, soja) et réduisez celles d’origine animale.
3. Auteur de « Vieillir en pleine santé » (éd. Presses du Châtelet).
Quid des hormones ?
Adulées il y a quelques années, elles sont maniées avec prudence aujourd’hui.Le traitement hormonal de la ménopause (THM) est le premier des anti-âges hormonaux, sauf contre-indication médicale. Il pallie les baisses hormonales naturelles et les troubles qui en découlent (sécheresse cutanée, bouffées de chaleur, troubles de l’humeur, sueurs nocturnes) et prévient l’ostéoporose.
La DHEA. Cette molécule aurait perdu de son panache : ses vertus présumées n’ont pas été démontrées, exceptées sur la libido des femmes de plus de 70 ans... Reste que le professeur Etienne-Emile Beaulieu, de l’Académie des sciences, qui l’a découverte, demeure son fervent défenseur « pour ses bénéfices sur la peau, dont elle favoriserait la synthèse du collagène, ainsi que sur la mémoire et le moral, qu’elle doperait sans que l’on puisse vraiment l’expliquer... » Seul un dosage sanguin permet de savoir si l’on en a besoin ou pas. Pas de shopping sauvage sur le web : l’automédication est dangereuse. « Chez les femmes ménopausées qui suivent un THM, la DHEA se transforme en œstrogènes, d’où un surdosage. A proscrire chez celles ayant eu un cancer, au risque de le réveiller ou de le booster », met en garde la docteure Sandrine Sebban (4).
La mélatonine. Ce régulateur de sommeil, champion de l’anti-jet lag, est aussi un antioxydant. « Il protège l’ADN des carcinogènes (agents capables de provoquer le cancer, ndlr) », indique Pierre Boutron, chercheur au CNRS. Pour une prise régulière, consultez afin de réaliser le juste dosage.
4. Auteure de « Gagnez 10 ans en 3 mois » (éd. JC Lattès).
Le péril des fausses promesses
Le fantasme de la fontaine de Jouvence n’est pas sans danger.L’hormone de croissance. « Elle ne devrait être utilisée qu’en cas de déficience endocrinienne avérée, et non contre le vieillissement. Ses effets secondaires peuvent être graves. En accélérant le métabolisme, elle contribue à l’user plus vite. Prise en excès, l’hormone de croissance raccourcit la vie », prévient Pierre Boutron. Elle entraîne en effet la sécrétion d’une autre hormone qui, à doses importantes, fait proliférer les cellules, ce qui peut mener droit aux cancers. Néanmoins, en Europe, certains médecins la prescrivent.
Test ADN à domicile. Depuis quelques jours, on peut « s’offrir », hors contexte médical, pour 999 dollars, via un site Internet américain, son test ADN à partir d’un échantillon de salive. Objectif : tout connaître de son héritage génétique et/ou des risques de développer certaines maladies. Alarmant...
Dopage sanguin. Pour vieillir avec l’énergie d’une pile, la musculature d’un athlète et en rayant le mot fatigue de leur lexique, certains vont même jusqu’à copier les méthodes – dangereuses et interdites – des sportifs dopés ! La transfusion sanguine en fait partie : le plus souvent il s’agit d’une autotransfusion, où ils reçoivent leurs propres globules rouges. Le fait de prélever du sang oblige, en effet, la moelle osseuse à mettre le turbo pour en refabriquer afin de compenser la perte. Ainsi, lorsque le sang prélevé est réinjecté, c’est double bonus en globules rouges. Et comme ce sont eux qui véhiculent l’oxygène vers les organes, l’endurance décuple. Mais il faut savoir que cela peut générer des infections ainsi que des cancers, et entraîne systématiquement une anémie.
C’est pour demain
Voici, en avant-première, les territoires de recherche les plus prometteurs.La thérapie génique, qui permettrait de modifier nos gènes pour freiner la vitesse de vieillissement. Aujourd’hui, on sait faire pénétrer un gène venu de l’extérieur dans une cellule, reste à bien cibler sa place dans le génome.
Un médicament antioxydant remplacerait les compléments alimentaires. Il a déjà été testé sur les animaux. Résultat : on arrive à diminuer leur stress oxydatif et à renforcer leurs défenses naturelles.
Un biomarqueur du stress oxydatif, l’isoprostane, indiquerait une prédisposition à certaines maladies, dont l’alzheimer.
Un appareil à domicile pour faire son propre check-up. On suivra avec son médecin l’évolution de son vieillissement au jour le jour. Le défi sera de rester jeune sans flipper.
3 coups de pouce
Thé vert sans modération : 1 g par jour – soit quatre ou cinq tasses – prévient l’accumulation des graisses abdominales du syndrome métabolique, accélérateur du vieillissement et également en cause dans le diabète.Cannelle, cure de jouvence artérielle : rien de mieux pour dissoudre le mauvais cholestérol (LDL) de 20 à 30 %. 1/2 c. à café – soit 1 g – par jour de cette épice pendant quarante jours suffit à faire chuter ce grand encrasseur des artères.
Resvératrol, allongeur de vie ? Parfaitement ! Et de 70 %. Certes, les études l’ont prouvé chez les... levures. Mais, contrairement aux apparences, nous avons un gène en commun. En attendant son bénéfice sur notre longévité, le resvératrol (polyphénol) est déjà actif sur notre fluidité sanguine, sur la microcirculation cutanée, qui fait un teint de pêche, et sur l’élasticité des vaisseaux.
Frédéric Le Cren, spécialiste de la physiologie du vieillissement à l’université de Québec, recommande 150 à 200 mg de polyphénols par jour.
Soit, au choix : 1 grappe de raisin, 1/2 litre de jus, 1 verre 1/2 de vin rouge ou des gélules de complément alimentaire.