On le sait : avancer dans l'âge est synonyme de vieillissement cutané, dont les premiers signes peuvent apparaître dès la vingtaine. Et si de nombreux facteurs l'expliquent, il y en a un dont on parle un peu moins, et qui mérite pourtant que l'on s'y intéresse : l'inflammaging, contraction des mots "inflammation" et "aging" (vieillissement en anglais).

Sonia Merouane, Responsable de la Formation pour Clinique, nous explique le phénomène et ce que l'on peut faire pour limiter son impact.

L'inflammation, un phénomène de défense de l'organisme

Avant même de parler d'inflammaging, il est important de comprendre ce qu'est l'inflammation. "C'est un phénomène qui concerne tout le monde, quel que soit l'âge, commence Sonia Merouane. Au quotidien, nous subissons une multitude de micro-agressions qui peuvent être liées à des bactéries, des virus, des blessures ou même simplement à notre mode de vie et notre environnement : en réponse, l'organisme va produire des signaux d'alarme et déclencher une inflammation pour entrer en mode réparation."

C'est par exemple le cas quand vous vous coupez et que votre peau cicatrise. À la base, l'inflammation est donc une réponse positive de l'organisme. Le hic ? "Lorsque les agressions se multiplient, l'organisme est dépassé, donc il n'est plus en mesure de réagir correctement et de lancer les processus de réparation", explique Sonia Merouane.

Inflammaging, quand l'inflammation accélère le vieillissement cutané

L'inflammaging désigne le phénomène d'inflammation qui se produit au niveau de la peau et participe à l'accélération du vieillissement cutané. "La peau subit de nombreuses agressions, en grande partie liées aux facteurs extérieurs que l'on appelle l'exposome : les UV et la lumière bleue, les changements de température, la pollution, le tabac, l'alimentation, le manque de sommeil, les variations hormonales ou encore le stress, explique Sonia Merouane. Cette inflammation se traduit parfois par des symptômes visibles - une grande sensibilité de la peau, avec des rougeurs, des démangeaisons, de la sécheresse, des tiraillements ou encore des boutons - mais ce n'est pas toujours le cas."

La peau mobilisant son énergie pour réduire les inflammations, elle n'est plus en mesure d'assurer son rôle à d'autres niveaux : "Elle n'est plus capable de produire des lipides pour assurer sa fonction barrière, ce qui accroît sa sensibilité, participe à la déshydrater et participe à la formation des rides. En parallèle, l'inflammation latente et persistante conduit à la dégradation des fibres de collagène et d'élastine, qui assurent la fermeté de la peau. Et bien sûr, le renouvellement cellulaire se fait moins bien, ce qui a un impact sur l'éclat du teint et les taches pigmentaires."

Inflammation de la peau : que faire ?

Dans la mesure où les signes de l'inflammaging ne sont pas toujours visibles (et que lorsqu'ils le sont, on ne peut pas savoir à 100 % qu'ils sont liés à une inflammation), comment savoir si l'on en souffre ? "On peut partir du principe que tout le monde en souffre, à des niveaux différents", répond Sonia Merouane, qui conseille d'agir en prévention, en commençant par agir sur les facteurs de l'exposome sur lesquels il est (assez) facile d'agir : protéger sa peau des UV, arrêter de fumer (ou du moins réduire sa consommation), dormir suffisamment, s'essayer à la méditation, mieux manger…

Elle préconise l'utilisation de soins apaisants, surtout si l'on a la peau sensible. "À partir du moment où la rougeur est visible à la surface de la peau, c'est que le niveau d'inflammation est élevé. Il ne faut pas percevoir les rougeurs diffuses comme normales", indique-t-elle. Elle recommande également de faire attention à ce que l'on applique sur sa peau, car il est possible d'aggraver l'inflammation en pensant bien faire, notamment en exfoliant trop sa peau ou en appliquant à outrance des molécules très actives comme le rétinol. Et si votre peau est soudainement sensible ou inconfortable, une consultation chez un.e dermatologue est une bonne idée.

"Quand la peau est en parfaite harmonie, confortable et lumineuse, c'est que dans notre mode de vie et dans nos soins, on fait ce qu'il faut", résume Sonia Merouane.