La Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH) dénonce dans son rapport publié mercredi 16 avril la mise à l’écart des femmes de la vie publique en Égypte. Une liste de recommandations a été formulée à l’égard du gouvernement détenu par le chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi. Cette liste vise une participation plus active de la femme dans la transition politique de l’Égypte.
On se souvient de cette ode à la liberté, au progrès, à la démocratie Place Tahrir au Caire en janvier 2011. La révolte populaire qui avait mis fin au régime de Moubarak comptait sur la présence des femmes. Celles-ci affirment avoir manifesté, exprimé leurs voix librement et en toute sécurité au début de la révolution. Quelques jours plus tard, changement de situation, la condition des femmes s’annonce de plus en plus dure.
Il faut dire que le régime islamiste n’a pas été propice à l’émancipation de la femme. Mais cela ne constitue pas la seule cause des violences subies par les égyptiennes. Déjà sous le régime des Forces Armées (jusqu’en juin 2012), les manifestantes témoignaient avoir été battues, maltraitées, humiliées dans la rue. Le test de virginité qu’avait subi Samira Ibrahim, une militante arrêtée par l’armée, était une preuve parlante de ce désordre.
Puis, sous le régime islamiste de Mohamed Morsi, c’est par des groupes de jeunes garçons que les femmes étaient régulièrement attaquées. La police désertant la Place Tahrir, elles ne bénéficiaient d’aucune sécurité lors des manifestations. Plus de 250 cas de viols avaient été détectés, un chiffre qui ne cesse de croître depuis le coup d’État de juillet 2013. Lorsque la mosquée Al-Tawheed a été prise d’assaut par les militaires en août de la même année, plus de 20 femmes ont été agressées sexuellement, et traitées selon l’une d’entre elles de « prostituées venues se faire baiser ». Encore une fois, il s’agit d’un acte qui renvoie à tant d’autres, car 99,3% des femmes affirment avoir été agressées sexuellement. Cela se passe dans la rue, où 91% d’entre elles ne se sentent pas en sécurité, dans les transports en commun, sur le lieu du travail, dans les lieux publics… Des chiffres que dénonce sévèrement la FIDH.
Face à ces abus, il n’est pas facile pour les égyptiennes de réagir. Leurs plaintes, dépositions, cris de détresse ne reçoivent qu’hostilité et indifférence de la part du personnel censé prendre en compte ces appels. Pire, la faute leur est souvent renvoyée : « elles n'avaient qu'à pas sortir », « elles portaient une tenue indécente », « la place est un espace masculin ».
Autant dire que le long rapport de la FIDH arrive dans un contexte où les choses doivent changer. Une volonté politique est requise. Une réforme du système judiciaire doit intervenir. Une condamnation publique des abus contre les femmes doit se mettre en place. Et une sensibilisation doit être menée à l’échelle nationale, touchant à la fois les sphères publique et privée. La révolution en Égypte, si elle requiert certains sacrifices, ne devrait aucunement mettre à bas le droit des femmes.
En vidéo, un message en faveur des femmes, diffusé par la FIDH >>>